31/07/2018 – 14h30 Syrie (Lengadoc Info) – point 65 – La confrontation entre l’Armée Arabe Syrienne et l’Etat Islamique dans la région de Deraa au sud-ouest de la Syrie n’aura pas duré très longtemps. Moins de 15 jours auront suffi au gouvernement pour éradiquer la présence terroriste dans le secteur et se rendre maître de l’intégralité de ses frontières avec Israël et la Jordanie.
Une offensive éclair contre l’Etat Islamique
Débutée le 23 juillet 2018 après la saisie des territoires aux mains des groupes « rebelles » dans la région de Quneitra, l’offensive contre l’Etat Islamique n’aura pas rencontré beaucoup de difficultés pour l’Armée Arabe Syrienne. Les contraintes topographiques, à savoir la présence de grands canyons, n’ont pas significativement ralenti les troupes loyalistes. Alors que les combattants terroristes du groupe Jaysh Khalid ibn al-Waleed posaient de gros problèmes aux combattants « rebelles » depuis 2 ans, ils n’ont pas fait le poids face à la volonté des troupes gouvernementales. La supériorité aérienne aura, une fois de plus, été un atout majeur dans les combats.
Selon des estimations, ce sont près de 300 combattants jihadistes qui auront été tués dans le secteur. Au moment d’écrire ces lignes il ne reste plus que 3 villages, surplombant un canyon, acculés à la frontière jordanienne aux mains de l’Etat Islamique. Soit environ 50 kilomètres carrés sur les 350 au début de l’offensive. Le 26 juillet 2018 la ville la plus importante du secteur, Tasil, tombe aux mains du gouvernement. Pour éviter d’être encerclés les combattants jihadistes abandonnent leur position maitresse de Tall Jamou. Le 30 juillet 2018 c’est la ville de Shajarah, dernier bastion jihadiste, qui est libéré par l’armée syrienne après un assaut de trois directions différentes. Le soir même c’est le village de Maarriah qui passe sous contrôle gouvernemental. Ainsi c’est l’ensemble de la frontière avec le Golan occupé qui redevient officiellement syrienne.
Bataille de Deraa du 20/06/18 au 31/07/18
Par Nate Hooper — Travail personnel
w:en:Template:Syrian, Iraqi, and Lebanese insurgencies detailed map, CC BY-SA 4.0, Lien
Les batailles à venir
L’offensive de Deraa enfin terminée, les unités vont être dispersées sur d’autres fronts simultanément.
1/ La zone située au nord-est de Sweida abrite une forte présence jihadiste. Elle sera traitée en priorité au regard du massacre perpétré le 25 juillet 2018 par l’Etat Islamique pour soulager le front sud-ouest. Vaine tentative qui se sera soldée par la mort de près de 300 civils et militaires. Cette offensive ne trainera pas dans le temps mais se verra compliquée du fait de la topographie difficile de cette zone désertique et volcanique.
2/ Le triangle désertique Deir ez-Zor, Abukamal, Palmyre reste une zone refuge pour l’Etat Islamique qui lance occasionnellement des assauts éclairs meurtriers sur un front endormi.
3/ Le prochain front majeur se situera sur l’ensemble de la poche d’Idlib. Cette poche est la dernière zone « rebelle » de Syrie. Elle est vaste et regorge de combattants hostiles au gouvernement de Bachar el-Assad. C’est ici que tous les réfractaires aux accords de réconciliation ont été amenés. C’est un indicateur de motivation relativement crédible qui laisse présager des difficultés que vont rencontrer les combattants loyalistes.
3 zones de contact sont identifiées.
Au nord-ouest au plus près de la frontière turque dans la zone montagneuse dont le verrou est la ville de Jisr ash-Shugur. La plaine d’al Ghab est également un axe privilégié pour faire sauter ce verrou.
Au sud de la poche, c’est le fameux saillant au nord d’Hama qui connaitra une fois de plus d’intenses combats. Ce secteur a été de multiples fois le point de départ d’offensives « rebelles » victorieuses. Les villes de Lataminah, de Morek, de Kafr Zita et de Khan Sheikun constituent une ligne de front profonde de 17 kilomètres qui verrouille l’axe de l’autoroute M5 tant convoitée par le régime syrien puisqu’elle irrigue l’ensemble du pays du sud au nord.
Le dernier secteur se situe à l’est de la poche, directement à l’ouest de la ville d’Alep. Secteur extrêmement difficile puisqu’il a été le théâtre d’importants combats par le passé et semble figé. L’effort de l’armée syrienne se portera sans doute beaucoup plus au sud dans le secteur récemment libéré d’Abu Duhur. On peut raisonnablement penser que ce secteur est le moins fortifié de la poche.
La difficulté principale de cette poche d’Idlib ne revient pas à la forte présence de combattants « rebelles » dont certains sont liés à Al Qaida mais au fait du rôle joué par la Turquie dans le secteur. Conformément à son éternel triple-jeu, la Turquie entretient de fortes relations avec tous les groupes rebelles du secteur. Elle possède d’ailleurs ses propres soldats sensés être garants du respect du cessez le feu dans la zone. Gageons que la bataille sera d’abord d’ordre diplomatique avant de se dérouler sur le terrain.
Martial Roudier
Photos : DR
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