21/02/2018 – 07h00 Syrie (Lengadoc Info) – Point de situation numéro 53 – On le constate de manière flagrante, la victoire contre l’Etat Islamique ne fait plus recette. Sans tomber dans le complotisme de comptoir, il ressort que ce dernier demeure un prétexte pour justifier une présence et une action militaires pour certains acteurs du conflit syrien…
L’Etat Islamique anéanti dans le nord
L’avancée éclair de l’Armée Arabe Syrienne sur Abu Duhur et son aéroport avait totalement désorganisé les rangs des combattants « rebelles » (Armée Syrienne Libre et factions jihadistes). L’abandon de dizaines de positions avait notamment permis aux centaines de combattants de l’Etat Islamique présents dans la région de se tailler un vaste territoire. Cette poche entièrement isolée ne reposait malheureusement sur aucun atout lié au terrain. Pas de zones montagneuses, pas de cours d’eau… Les forces d’élite mécanisées ont donc momentanément stoppé leur progression en direction de l’ouest et de l’autoroute M5 pour réduire cette poche située sur leurs arrières.
L’avancée fut fulgurante et la poche bientôt morcelée et réduite comme peau de chagrin. Les quelques centaines de combattants jihadistes se regroupant sur la ville de Sarujah. C’est le 9 février 2018 que les combattants fidèles à l’Etat Islamique jouent leur va-tout et opèrent une percée à travers les défenses loyalistes en direction de la poche d’Idlib située au nord-ouest. Poche aux mains de leurs frères ennemis, le groupe Hayyat Tahrir al-Sham fidèle à Al-Qaida. La percée est un succès malgré des dizaines de tués et une nouvelle poche se crée à cheval entre le gouvernement syrien et Hayyat Tahrir al-Sham. Le 13 février, 250 combattants et une centaine de membres de leurs familles se rendent à Hayyat Tahrir al-Sham. C’est officiellement la fin de la présence de l’Etat Islamique dans les régions d’Alep, d’Hama et d’Idlib.
Avancées turques sur Afrin
La progression turque dans la région kurde d’Afrin avait débuté avec un rythme assez lent mais inexorablement régulier. Un cap vient d’être franchi récemment, puisque les différentes zones de pénétration à l’ouest de la région ont été reliées entre elles. Petit à petit c’est l’ensemble de la bande frontalière qui passe aux mains de la Turquie. Une avancée importante vient également d’avoir lieu les 19 et 20 février 2018 au nord-est avec la jonction entre la bande Nord (Bulbul) et la montagne de Bursaya au nord d’Azaz.
Le sud-ouest n’est pas épargné non plus et une importante zone est sous contrôle turc autour de la ville de Jinderes.
Il semble que l’objectif turc est d’isoler au maximum les quelques grosses agglomérations kurdes (Rajo, Jinderes…) et de les utiliser comme cartes maîtresses dans le grand jeu des négociations qui a lieu autour de la situation dans la région d’Afrin. La Turquie, notamment par le biais de son président Erdogan, est une habituée de ce genre de tractations et de revirement d’alliance.
La résistance kurde est importante mais ne semble pas faire le poids face à une armée turque bénéficiant d’une logistique écrasante et des combattants rebelles syriens en grande quantité sous son commandement direct. Malgré le courage dont font preuve les combattants kurdes, on constate une impréparation générale face à la menace turque. Pour exemple, de nombreux postes défensifs ont été pris par les combattants pro-turcs alors qu’ils n’étaient pas achevés.
Le reste du front
– Un regain de tension a eu lieu à Deir Ez-Zor sur la rive orientale de l’Euphrate entre les forces loyalistes et les Forces Démocratiques Syriennes soutenues par les Etats Unis le 7 février 2018. Les circonstances de l’accrochage demeurent très floues mais il ressort qu’une offensive loyaliste ait eu lieu en direction de l’usine pétrochimique Coneco. Cette offensive a subi un barrage de feu de la part des Etats Unis sous prétexte de défendre ses alliés au sol. Les chiffres du bilan humain sont très importants mais varient fortement, on parle entre 25 et 500 tués, dont de nombreux « militaires privés » de nationalité russe. Un brouillard de guerre qui n’est pas près de se dissiper…
– Un autre regain a également eu lieu entre la Syrie, l’Iran et l’état d’Israël le 10 février 2018 au sud-ouest de Damas. Il ressort des événements qu’un drone iranien a été abattu au dessus du Golan par Israël. Ce dernier a décidé de répondre en attaquant plusieurs cibles militaires en territoire syrien sensées être contrôlées par l’Iran. Le gouvernement syrien a déclenché des contre mesures et a réussi à neutraliser une partie des missiles tirés par Israël. Au cours de cette riposte, un F-16 israélien (IAF) a notamment été abattu. Une escalade préoccupante dans cette partie du Moyen-Orient…
– De très importants mouvements de troupes de l’Armée Arabe Syrienne ont eu lieu depuis l’est d’Idlib en direction de la poche « rebelle » de la Ghouta orientale située au nord-est de Damas. Il semble que le prochain objectif soit l’anéantissement de cette poche de résistance située à proximité immédiate du cœur de la capitale syrienne. Une intense campagne de bombardements a déjà débutée occasionnant une centaine de morts uniquement pour la journée du 19 février 2018. Les unités mécanisées chevronnées se répartissent suivant plusieurs axes de pénétration. Ce front, très enlisé depuis des mois, devrait incessamment connaitre un bouleversement majeur.
– A Paris le 14 février 2018, Jawad Bendaoud, le tristement célèbre logeur des terroristes du Bataclan, a été relaxé des faits de « recel de terroristes ». Une décision qui a provoqué de vives réactions sur les réseaux sociaux ainsi que l’indignation de l’association des victimes du 13 novembre 2015 Live For Paris.
Martial Roudier
Photos : DR
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