13/04/2017 – 17h30 Calais (Lengadoc Info) – Les membres du Gouvernement qui ont fait le déplacement sur place l’ont affirmés : « Le camp ne sera pas reconstruit ». Matthias Fekl, Ministre de l’Intérieur et Emmanuelle Cosse, Ministre du Logement ont pu constater l’étendue du désastre : 3 Millions 100 000,00 Euros sont partis en fumée suite à une rixe entre Afghans et Kurdes. Olivier Caremelle, Directeur de Cabinet à la mairie de Grande-Synthe précise : « Ce sont des coups à l’arme blanche faisant six blessés en début d’après-midi qui ont provoqués de nombreuses mises à feu volontaires en plusieurs endroits différents ».
Le chaos migratoire est provoqué par la surpopulation au camp de Grande-Synthe
C’est après le démantèlement de la jungle de Calais que de très nombreux Afghans sont arrivés au camp de Grande-Synthe. Ce camp dit de « La Linière » a été voulu par le maire écologiste de la commune Damien Carême pour en finir avec le camp voisin du Basroch.
Ce camp est parti en fumée : seuls 70 chalets en bois étaient encore intacts sur les 300 que comptait ce site ouvert en mars 2016 et qui accueillait 1 500 migrants, principalement des Kurdes Irakiens. Le Préfet du Nord, Michel Lalande, s’exprime : « La totalité du camp a été évacué dans la nuit. Trois gymnases ont été mobilisés pour une mise à l’abri. Près de 500 migrants ont donc été hébergés la nuit dernière ». Pour le Préfet, la priorité est « de mettre à l’abri les migrants qui errent sur les grands axes routiers de cette région en direction de Calais ou Paris ».
Les Afghans étaient mécontents d’être parqués dans les cuisines collectives tandis que les Kurdes dormaient dans des chalets dont le nombre n’a pas été accru. « Les Afghans étaient en train de jouer au foot » a raconté Emal de nationalité Afghane. « Le ballon a fini par toucher un Kurde, qui a insulté le peuple Afghan. Les Afghans se sont attroupés pour attraper le gars, qui a réussi à fuir et rameuter d’autres gens. Du coup, on a dit qu’on voulait discuter et s’excuser, mais les Kurdes sont revenus avec des pistolets et des couteaux et on a vu qu’ils n’en avaient pas l’intention ».
Les sociétés multiculturelles sont des sociétés multiconflictuelles
Le « Conseil des réfugiés », c’était dix Chefs qui incarnaient la loi, du moins les règles communautaires. Au milieu des 300 chalets en bois, un grand container en tôle se détache du paysage. Personne ne s’avisait d’y pénétrer : l’air sombre et initié des entrants et des sortants ne favorisait pas la sérénité. Réservé aux chefs du camp, il tient lieu de bureau où siège le Conseil des réfugiés. Dix hommes qui gouvernent le camp, c’est une première en France ! Aucun campement de migrants établi sur le sol français n’a jusque-là fonctionné selon ce mode, comme « autogéré » par ses propres occupants. Les migrants ont pris la main sur l’aspect décisionnel et organisationnel de leur quotidien. Tout passe par eux, leur consultation et leur aval sont nécessaires pour chaque détail.
Des journalistes ont visités le camp en Avril 2016. Ils racontent. A chaque visite de l’extérieur, les bénévoles de l’association Utopia 56, gestionnaire des lieux, prévenaient : « nous devons informer le Conseil de votre visite ». « Ils sont en réunion, on ne peut pas les déranger » dit Jeanne. Quelques échanges de talkie-walkie plus tard, le Conseil valide et accepte de les recevoir. Dix hommes les reçoivent, assis autour d’une table. Chacun représente une communauté du camp, une langue, parmi les 1 500 migrants présents à Grande-Synthe.
Visiblement, les chefs du Conseil incarnent la loi, du moins les règles communautaires, et, l’œil à tout, assurent leur propre flicage. Dehors, un des chefs rappelle à l’ordre un jeune homme qui semblait vouloir plaisanter avec un journaliste. Le minot déguerpit. Pas un mot n’a été échangé. D’un regard ou d’une simple posture, tout le monde se comprend. L’esprit n’est pas à la décontraction. Majeied, Hawree, Ali, Alan, Hedi, Pshtiwan, Abdulkadr, Moo, Hassan et Wrya sont graves, tendus et désappointés.
François de MAISTRE
Photos : DR
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