16/12/2014 – 11h30 Perpignan(Lengadoc-info.com) – S’il y a bien une guerre qui est difficile à traiter au cinéma, c’est bien la guerre d’Indochine. Les films de Schoendoerffer (« La 317° section », « Le Crabe Tambour », « Dien Bien Phu »), par leur excellence et leur réalisme, ont rendu la tâche quasi-impossible. Pourtant Erick Zonca avec son téléfilm « Soldat Blanc », produit par Canal+ et sorti cette année, a tenté de relever le défi.
L’histoire suit le parcours de deux sous-officiers des Troupes Coloniales, Robert Tual et André Cariou, de leur arrivée en « Indo » en 1945 jusqu’à la retraite de Cao Bang. Le premier, résistant dès l’âge de 14 ans, est un soldat aguerri venu en Indochine pour en découdre. Le second est un « bleu-bite » qui n’a jamais tiré sur un homme et qui comprend rapidement que la guerre ne se passe pas comme dans les films. Quand Robert Tual est chargé de former un commando indigène pour semer la terreur derrière les lignes ennemies, il embarque avec lui André mais celui-ci finit par trahir les siens et rejoindre le Viet-Minh. Celui dont les exploits au combat vaudront le surnom de « Tigre Noir », n’a plus qu’une seule idée en tête, tuer le « soldat blanc » qui combat aux côtés du Viet-Minh.
A première vue, quand on lit le synopsis, on pourrait s’attendre à un film moralisateur, plein de « bien-pensance » déplacée et anachronique (Canal+ quoi …), mais force est de constater que le film ne tombe pas dans le piège et vient rappeler quelques faits trop souvent oubliés. Que ce soit les Indochinois chrétiens qui rallient l’Armée Française parce que le Viet-Minh « tue leur dieu », la trahison des communistes français et surtout l’horreur des camps de prisonniers Viet-Minh, véritable mouroir à ciel ouvert et dont le film traite longuement. On regrettera tout de même que l’Armée Française soit quasiment désignée comme la seule responsable de la guerre, oubliant ainsi la responsabilité majeure des hommes politiques français.
Sur le plan cinématographique, tourné au Cambodge, « Soldat Blanc » se donne les moyens d’être réaliste et certains détails pourraient séduire plus d’un passionné de militaria. On est bien sur, loin d’un blockbuster américain mais le budget est tout de même là et le film « a de la gueule ». Seule l’interprétation laisse parfois à désirer.
Ce film n’est pas « La 317° Section » mais comment surpasser en 2014 un film réalisé par un homme qui était à Dien Bien Phu ? « Soldat Blanc » a le mérite de rappeler, non sans un certain talent, une guerre oubliée de tous
Photos : Soldat Blanc
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