28/01/2020 – 22h00 Syrie (Lengadoc Info) – point 73 – La campagne de libération du sud-est de la poche d’Idlib initiée le 19 décembre 2019 par l’armée arabe syrienne, vient d’être transformée ce 28 janvier 2020 par la libération de Maarat al Numan et la prise d’un tronçon de 30 kilomètres de l’autoroute M5 reliant Damas à Alep.
Assaut sur Maarat al Numan
La déroute est confirmée pour les combattants jihadistes du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS) anciennement affilié à Al Qaida qui viennent d’abandonner leurs positions à l’intérieur de la ville de Maarat Al Numan qui constitue le verrou sud de l’autoroute M5. Le groupe Hayat Tahrir al-Sham avait violemment imposé son hégémonie sur les autres groupes « rebelles » de la région début 2019 mais les luttes intestines semblent bien puériles aujourd’hui au regard des résultats sur le terrain. Cet aspect (une hégémonie imposée par la force et non par l’adhésion) est à prendre en considération si l’on considère les revers militaires endurés dans la poche d’Idlib. Une meilleure cohésion des différentes factions « rebelles » aurait offert un meilleur front à opposer aux forces loyalistes. Toujours est-il que ces forces loyalistes ont profité d’un soutien aérien russe très efficace et ont su manœuvrer au mieux des capacités de leurs engins. La 25ème division des forces spéciales (anciennement Force Tigre) a allié manœuvrabilité et puissance de feu de façon à bousculer sans cesse l’adversaire et le pousser à décrocher de solides positions et ne pas pouvoir stabiliser de ligne de front.
Il est important de noter qu’une campagne que l’on peut qualifier de diversion a été menée sur le front ouest de la ville d’Alep par l’armée arabe syrienne. Des succès ont été observés au sud-ouest de la ville en direction de Khan Touman mais cette opération aura surtout servi à fixer l’ennemi et empêcher l’envoi de renforts vers le sud.
Comme précédemment pour l’offensive du 19 décembre 2019, l’assaut a été dirigé suivant deux directions de façon à ceinturer la ville de Maarat al Numan. Tout d’abord c’est l’autoroute M5 qui a été coupée au nord de la ville le 26 janvier 2020, empêchant ainsi tout renfort en provenance du nord. Le deuxième effort a porté sur le sud-ouest de la ville. Entourés sur trois directions, les combattants ont choisi d’abandonner la ville en direction de l’ouest.
Le régime d’Assad a gagné la guerre
Force est de constater que, si l’on met de côté une série d’événements imprévisibles mais toujours envisageables, les partisans de la résistance au régime de Bachar el Assad sont en chute libre, cruelle mais constante. La différence avec la résistance acharnée des années 2018 est notable. La défense d’Alep a été le paroxysme de la « rébellion », aujourd’hui on sent que la motivation n’est plus là. Et ce, malgré le soutien déguisé de la communauté internationale. L’impact de la guerre contre les combattants jihadistes sur les populations civiles est systématiquement mis en exergue, les médias et la diplomatie américaine amalgamant combattants affiliés à Al Qaida et simples civils… Le rouleau compresseur syrien, iranien et russe est en route et ne s’arrêtera pas jusqu’à la récupération de tout le territoire syrien.
La Turquie occupe encore une fois une place centrale dans les événements en cours. Après avoir favorisé les activités des groupes rebelles, elle a changé de stratégie et modifie petit à petit son mode d’action en faveur des « résistants » à Bachar el Assad. Des combattants présents dans la poche d’Idlib ont été transférés dans le nord de la Syrie pour l’opération « Peace Spring ». Un nouveau front est désormais ouvert en Lybie où la Turquie défend ses intérêts. Face aux troupes du général Haftar soutenu par la Russie, elle oppose des « vétérans » prélevés dans les rangs des jihadistes de la poche d’Idlib.
Le vent tourne, (presque) toutes les parties en sont conscientes et tout le monde s’adapte.
Martial Roudier
Photos : DR
Lengadoc-info.com, 2019, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.