25/07/2018 – 19h20 Syrie (Lengadoc Info) – point 64 – La poche de Deraa anciennement aux mains de groupes armés « rebelles » n’est plus. Toutes les villes sont passées aux mains du gouvernement soit de manière pacifique via le processus de réconciliation, soit par la contrainte militaire. Il ne reste donc plus désormais que 350 kilomètres carrés de territoire aux mains de l’Etat Islamique.
La fin de la présence rebelle à Deraa
La partie orientale ainsi que la partie méridionale de la poche de Deraa sont rapidement passées sous le contrôle du gouvernement. L’Armée Arabe Syrienne s’est donc retrouvée face aux lignes du groupe Jaysh Khalid ibn al-Waleed à l’ouest de la ville de Tafas. L’assaut contre cette zone contestée a été retardé le plus possible de façon à régler prioritairement le problème de la partie occidentale de la poche de Deraa toujours aux mains de groupes « rebelles » hétéroclites. En effet, cohabitaient dans cette zone, tout l’éventail des groupes armés opposés au gouvernement de Bachar el Assad. Des plus modérés de l’Armée Syrienne Libre, aux ultras d’Hayyat Tahrir al-Sham affiliés à Al Qaïda. L’Armée Arabe Syrienne a encore savamment alterné accord de réconciliation et pression militaire et a pu ainsi régler la question de la présence de groupes rebelles dans cette dernière zone. L’événement majeur de cette campagne aura été la capture le 16 juillet 2018 de la colline stratégique de Tell al-Harra qui est le point culminant de la région, offrant ainsi un avantage majeur sur l’ennemi.
Les combattants réfractaires à l’accord de réconciliation se sont vus transporter avec leur famille dans la grande poche d’Idlib, comme à l’accoutumée.
Confrontation avec l’Etat Islamique
Profitant du flou artistique lié à la reddition, le groupe Jaysh Khalid ibn al-Waleed en a profité le 20 juillet 2018 pour s’emparer d’une douzaine de villages au nord de son territoire. La ville d’Hayt située au sud-est avait été tout simplement remise à l’Etat Islamique par l’Armée Syrienne Libre le 13 juillet 2018, avec tout l’armement lourd.
L’assaut contre cette poche aux mains de l’Etat Islamique a débuté le 23 juillet 2018 depuis le nord et s’est concentré sur la reprise de ces fameux villages. Une ville importante Jallayn située au sud-est a également été reconquise par l’Armée Arabe Syrienne. Il est bien évident qu’aucun accord de réconciliation n’a été proposé au groupe Jaysh Khalid ibn al-Waleed. Seule une solution militaire est de rigueur face à l’Etat Islamique. Ceci étant, l’Armée Arabe Syrienne, avec pour fer de lance les prestigieuses forces Tigre, va se confronter à de réelles difficultés. De par la qualité de l’ennemi premièrement, puisqu’ils sont confrontés à des fanatiques combattant le dos au mur. Ces derniers sont d’ailleurs bien préparés pour une guerre défensive. Deuxièmement c’est la configuration de la zone à conquérir qui va poser problème. La poche en question est située dans un angle à la frontière avec deux autres pays. Les combattants jihadistes sont donc paradoxalement « protégés » au sud par la frontière avec la Jordanie et à l’ouest par la frontière avec Israël. Un incident majeur s’est d’ailleurs déroulé le 24 juillet 2018 lorsque l’armée israélienne a abattu un chasseur SU-22 en pleine mission opérationnelle contre l’Etat Islamique.
L’importance des troupes loyalistes ainsi que la suprématie aérienne devrait, malgré tout, rapidement donner l’avantage à l’armée syrienne.
Une opération de diversion a été conduite par les éléments de l’Etat Islamique présents au nord-est de la capitale régionale Sweida. Ce matin, 25 juillet 2018, 4 attentats suicide ont eu lieu à l’intérieur de la ville dans des quartiers très fréquentés. Près de 150 morts sont à déplorer ainsi que près de 200 blessés. Ces attaques ont été complétées par la capture de quelques villages situés à 20 kilomètres à l’est et le massacre de ses habitants. Cette diversion n’aura aucun impact sur l’opération en cours dans le bassin de Yarmouk mais démontre la nocivité du groupe Etat Islamique dans le secteur ainsi que la difficulté d’éradiquer sa présence.
Le reste du front
– Les Forces Démocratiques Syriennes (les kurdes soutenus par les états unis) ont effectué d’importants progrès dans l’est du pays le long de la frontière avec l’Irak. Les colonnes venant d’Hasakah au nord ont rejoint les éléments situés au sud à proximité de l’Euphrate. Un nettoyage important devra être effectué dans cette zone désertique afin d’éliminer durablement toute présence de l’Etat Islamique.
– Des pourparlers ont eu lieu entre les Forces Démocratiques Syriennes et leurs représentants politiques d’un coté et le gouvernement syrien. La perte de la région d’Afrin suite à l’offensive turque semble un élément majeur de ce rapprochement.
– Le 18 juillet 2018, la poche chiite de Foah et de Kefraya située au nord d’Idlib a été entièrement évacuée après 3 ans de siège suite à un accord entre les forces rebelles et le gouvernement. Les « rebelles » ne possèdent plus cette importante monnaie d’échange.
– La ligne de front entre les « rebelles » et le gouvernement se réchauffe au nord-ouest de la poche d’Idlib dans la région de Jisr ash-Shugur. Ce secteur pourrait être le prochain théâtre d’affrontements une fois l’Etat Islamique effacé du bassin de Yarmouk.
Martial Roudier
Photos : DR
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