14/05/2021 – 11h00 Montpellier (Lengadoc Info) – Nivellement par le bas, crétinisation, écriture inclusive, Samuel Paty, islamo-gauchisme… Autant d’attaques dont l’Education nationale fait l’objet depuis des années. Lengadoc Info livre ici un entretien corrosif avec un professeur du Gard qui a 30 ans de pratique en collège-lycée. Edifiant !
Lengadoc Info : C’est devenu un lieu commun de dire que le niveau des élèves baisse d’année en année. Est-ce une réalité ou n’est-ce qu’un fantasme selon vous ?
D’après moi oui, c’est une réalité absolue. Qu’entend-on par niveau tout d’abord ? Le niveau c’est tout simplement une capacité de réflexion, de réflexivité et un niveau de maîtrise de la langue écrite comme parlée.
Dans ces 3 domaines il y a une baisse certaine depuis 30 ans. Pourquoi ? De nombreux facteurs se combinent pour expliquer ce phénomène.
Le niveau de réflexion. Sa baisse s’illustre en premier lieu par une fainéantise intellectuelle institutionnalisée qui encourage l’élève à ne plus avoir besoin de réfléchir pour obtenir un niveau exigé, pour obtenir et pour réussir à accéder à une connaissance de base. C’est tout simplement une volonté « pédagogogique »[1], une volonté des élites soi-disant du métier, ceux qu’on appelle les pédagogistes qui considèrent que l’élève n’a plus à faire d’efforts parce que l’effort est, par définition, inégalitaire. L’effacement de la réflexion est donc une volonté en haut lieu. C’est, disons pour faire court, l’application de la thèse bourdieusienne qui part du principe que l’école est une superstructure de reproduction des inégalités sociales, l’école telle que Jules Ferry l’a pensée, celle du mérite (vu comme une compétition libérale à mort dont les « bourgeois » sortent toujours vainqueurs au détriment des classes populaires). Dans cette optique, aujourd’hui, l’élève est considéré comme ayant un droit d’accès à l’excellence quel que soit son niveau donné. L’excellence passe du statut du mérite à celui du droit.
Il faut donc « déconstruire » le système. D’où par exemple, la remise en cause de la notation vue comme une structure de domination des élites. J’ai participé il y a 5 ans environ à ce qu’on appelle une réunion de formation de bassin. Les inspecteurs viennent dans les « bassins », ici celui du grand Nîmes, avec comme objectif de donner aux professeurs d’une même discipline réunis les grandes lignes de la doxa du ministère (selon les matières). Ils transmettent ce qu’il faut mettre en place dans les classes pour être un « meilleur prof ». A cette occasion le contenu de la réunion était clair : la notation accentue les inégalités sociales, dans la droite ligne de la sociologie bourdieusienne. L’argument donné pour nous justifier le fait que la notation était inégalitaire par essence a été le suivant : les notations ont été inventées par les jésuites au 18ème siècle (le parangon de l’élite dans la conscience collective). Il y avait dans les propos de cette inspectrice une attaque pensée et assumée de l’Education nationale contre la notation parce qu’elle était considérée ontologiquement comme perverse (d’origine catholique donc perverse par sous-entendu). Ce propos illustre deux choses : l’idéologie et la propagande (l’art des idées courtes) et son alter égo, l’ignorance de la question. Je pense que cette inspectrice, trop occupée au Rectorat n’a jamais eu l’idée de lire L’éducation des Jésuites de Philippe de Dainville… Je vous laisse faire la corrélation implicite sous-entendue entre notation, religion et perversion… De la pure idéologie de militance… L’opposé absolu de l’idéologie jésuite d’ailleurs…
Mais quels que soient les efforts déployés pour abolir la notation par note chiffrée, celle-ci est encore largement employée dans les établissements du second degré et ce n’est pas demain la veille que cela changera. Le référent pour l’instant c’est la notation chiffrée.
Pour lutter contre celle-ci, c’est la notion de « compétence » qui a été introduite depuis peu. Cette dernière a comme objectif l’élimination de la notation chiffrée (elle n’est appliquée qu’en classe de 6ème et ce, dans certains collèges seulement). Les élèves ne savent absolument pas du tout ce qu’est concrètement une compétence. Ils transforment d’ailleurs la compétence (notée A, B, C ou D, ou « acquis », « en cours d’acquisition »…) en note et cela instinctivement (un B correspond à un 13-15 par exemple). Ce qui a fait dire à cette docte inspectrice grande pourfendeuse de la perfidie jésuite qu’il faudrait rééduquer les générations à ce sujet (elle n’était pas d’origine nord-coréenne ou chinoise à ma connaissance…).
D’ailleurs, ce qui est drôle d’une certaine façon, c’est que les profs bien disciplinés (ou rééduqués selon les points de vue), de conviction très gauchisante en règle générale de surcroît, sont persuadés que les compétences combattent les inégalités, alors que le terme compétence est tout droit issu du vocabulaire des entreprises les plus capitalistes qui soient ! Nous devons l’intrusion de la culture de l’entreprise dans le système scolaire au fameux protocole de Lisbonne (2008) qui d’un point de vue socio-politique ne sont ni plus ni moins qu’un coup d’État contre la souveraineté des nations en matière scolaire comme le souligne Jean-Paul Brighelli. Mais passons… Quand on note par compétences en fait, on ne note rien du tout si ce n’est les aptitudes à l’adaptation de l’élève à un système. Dans ce flou artistique, l’élève ne se sent ni bon, ni mauvais… On note également la subjectivité du professeur à percevoir ce pourquoi il n’est pas formé : la pédo-psychologie. Cela donne un gloubiboulga psycho-pédagogique assaisonné à toutes les sauces possibles qui sert de référent pour évaluer l’élève quel que soit son rapport au travail : du plus travailleur au plus décrocheur (ils sont tous égaux !) D’ailleurs cela donne également des situations très ubuesques qui pourraient très bien figurer dans des scènes de films de Luis Buñuel… C’est toujours ce que je me dis lorsque j’entends ces drôles de litanies lors des conseils de classe… Et je laisse de côté les effets pervers de la notation par compétence…
L’objectif de cette mascarade est de pouvoir toujours valoriser l’élève. Il faut que l’élève n’ait pas d’effort à fournir autre que celui qu’il veut bien fournir sans faire d’autres efforts… Le discours reste très traditionnel (du style « il ne travaille pas assez à la maison ») mais l’acte demeure toujours bienveillant (plus de redoublement par exemple). Lors d’un conseil de classe, j’ai par exemple entendu un principal valoriser un élève décrocheur volontaire parce qu’il prenait assez régulièrement ses affaires en cours ! (quelle performance!) C’est la négation généralisée du socle de ce qui a fait la culture de l’éducation européenne ; éducation qui puise ses racines dans l’Antiquité, celle de la cultura anima définit par Cicéron : pour accéder au savoir et à la perfectibilité de son étant, il faut savoir souffrir par le travail… seul ce chemin permet une juste et égalitaire répartition des talents dans la société car ce chemin ne prend pas en considération les artificielles et injustes différences sociales mais pose comme principe de réussite le mérite de sa propre capacité de travail, sa volition en terme philosophique. Le mérite… c’est également toute la culture de l’école républicaine de Jules Ferry qui entérine le projet des Lumières… Mais fermons là la parenthèse sur la notation.
Je reviens à la réflexivité. Deuxième pôle de la décadence de l’Education nationale car on ne demande plus aux élèves d’être réflexifs. J’en fais les frais non pas dans mon enseignement parce que j’essaye de combattre cette dérive intellectuelle au mieux mais au travers des directives ministérielles des programmes qui d’eux-mêmes poussent à ne plus être réflexifs. La réflexivité est une notion qui n’est plus considérée comme partie prenante de l’évaluation d’un élève. La réflexivité est l’aptitude de l’élève à résoudre un problème quel qu’il soit par l’application des règles logiques qui lui ont été enseignées (une règle de mathématique, une loi de la physique, une règle grammaticale, un fait historique mis en perspective par exemple). La réflexivité invite l’élève à la rigueur intellectuelle par la mise en relief de ses capacités intellectuelles : ses aptitudes hypothético-déductives, et celles-ci seulement : observation, rigueur, mémorisation, mise en perspective, contrôle des passions, avènement de la raison, construction de l’esprit critique, naissance du vrai scientifique.
Pour éliminer la réflexivité, il faut donc minimiser la notion d’apprentissage des connaissances au sens large (la connaissance brute et la mise en perspective de cette connaissance par les autres connaissances accumulées), car l’apprentissage des connaissances englobe les paramètres précédemment rappelés. D’où l’épuration faite dans le contenu des programmes (en mathématiques, en français, et surtout en histoire). La transmission des connaissances n’est plus considérée comme le fondement même de l’Education nationale, une fin en soi, mais est considérée comme un outil permettant à l’élève de parfaire un parcours scolaire général. Je m’explique : prenons un exemple. L’étude d’un chapitre d’histoire comme la France de Napoléon n’a pas comme objectif de montrer à l’élève par la méthode hypothético-déductive que cette période est un des socles historiques de la modernité économico-politique de la France mais l’étude très succincte de cette période doit permettre à l’élève d’aiguiser des outils qui n’ont rien à voir avec le contexte historique (savoir faire un graphique, rédiger des phrases correctes)… L’histoire en tant que science du passé n’est plus à l’ordre du jour. Il est donc possible de sabrer les programmes donc les connaissances objectives. De ce constat découle les grandes polémiques qui parfois, sourdent dans les journaux concernant l’histoire de France.
Ces connaissances peuvent donc être superficielles (la tolérance face à une orthographe défaillante illustre parfaitement cette situation pour l’apprentissage du français). Ce qui est important ce n’est pas la connaissance en elle-même – dont l’acquisition est contraignante – (donc fasciste, liberticide, inégalitaire), ce qui est important est la manière dont on apprend (sans effort, par le ludique, d’où l’importance – que dis-je l’obsession ! – du numérique dans l’Education nationale). On ne demande plus aux élèves d’avoir une vision chronologique de l’Histoire par exemple en intégrant mentalement un certain nombre de faits qui font sens mais d’apprendre un certain nombre de données sous formes de formules (« l’esclavage c’est pas bien ») qui leur permettront de pouvoir utiliser ces données dans des domaines autres que l’Histoire par distorsion (« Tous les noirs sont des victimes des blancs dans l’histoire »). A y réfléchir de plus près, c’est la mise en place du programme du protocole de Lisbonne : l’école doit former des employés capables d’intervenir sur n’importe quel poste dans le cadre d’un « Etat start-up ». Et pour plus d’efficacité, il ne faut pas que cet élève-futur-employé ne soit formé à penser…
C’est exactement, d’un point de vue intellectuel, le glissement que l’on constate aussi à l’Université où l’on considère une discipline ou un domaine de connaissance non pas en tant que domaine de connaissance en lui-même mais comme un outil idéologique pour faire autre chose que ce qu’on lui demande de faire. Par exemple la sociologie (que j’ai étudié à l’université), en tant que telle est la possibilité d’accéder à une connaissance du Social au sens large (la construction des relations sociales et le questionnement sur l’importance de l’individu face à la société : la dialectique individualisme/holisme). Le but de la sociologie aujourd’hui est de militer pour une certaine explication du lien social. Et toutes les études de sociologie tendent aujourd’hui à justifier une vision du lien social qui est complètement subjective, c’est-à-dire qui n’est pas du tout scientifique. A la limite cela se comprend : il faut bien avancer en exposant des hypothèses, et pourquoi pas celle-ci ? Mais là où le système dérape, c’est que dans l’esprit de ces sociologues, il ne s’agit plus d’étayer une hypothèse, il s’agit d’asséner une vérité ; c’est l’instrumentalisation de la science au profit de l’idéologie ou comment se persuader des idées fausses… Le socle des connaissances qui formait jadis l’honnête homme, n’est plus vu comme une fin en soi (il faut douter de tout) mais ce qui est vu comme une fin en soi c’est l’utilisation de ce contenu à des fins idéologiques et pratiques. On passe dès lors du doute à la vérité transcendante.
L’exemple le plus flagrant au niveau du contenu des programmes du secondaire est l’Enseignement Moral et Civique (rien que le nom fait peur…) qui est en fait un catéchisme égalitariste servant l’idéologie universaliste et progressiste. Une thèse pourrait être consacrée à l’instrumentalisation de cette « matière » à des fins politiques, idéologiques et civilisationnelle… Il suffit de feuilleter un livre d’E.M.C. 30 secondes pour se rendre compte de l’entreprise… Avis aux étudiants en histoire ou sciences sociales dignes de ce nom !!
C’est en définitive la formation intellectuelle par la culture générale qui n’est plus une fin en soi. Cette année j’ai des 4ème en cours, c’est le bicentenaire de la mort de Napoléon puisqu’il est mort en 1821. Il n’y a absolument aucun texte officiel, aucune donnée gouvernementale nous demandant de valoriser ce bicentenaire. Par contre nous recevons depuis quelques années des courriers émanant des inspecteurs d’académie qui sont eux-mêmes les relais du ministère de l’Education nationale, pour valoriser l’indépendance de l’Algérie (et les « crimes » de l’armée française), pour aborder les traites négrières (surtout celle des Européens), pour valoriser un tas de phénomènes qui sont aujourd’hui relus à l’aune d’une lecture idéologique qui instrumentalise complètement l’Histoire (rôle des minorités sexuelles et des femmes à valoriser selon les directives officielles) : le BEABA de la manipulation idéologique. J’irai plus loin en disant que non seulement on omet des faits historiques mais on en reconstruit qui n’ont rien à voir avec la Vérité historique (celle élaborée par la science). C’est-à-dire qu’en fait, on fait de l’Histoire la science du vraisemblable mais certainement pas la science de la connaissance du passé.
Comme le disait un de mes maîtres à l’université (à une époque lointaine où des maîtres occupaient les chaires des universités), « l’histoire, c’est la science des points de vue. C’est donc la science du débat ; une vérité historique est une vérité qui s’est bien (dé)battue, mais qui doit encore et encore affronter des adversaires. »
Ce qui aujourd’hui anime les « intellectuels » ou les penseurs de l’Education nationale, ce n’est pas la recherche de la vérité scientifique (la science fabrique des vérités en sursis!), le débat, la confrontation des points de vue, essence même de la science mais c’est la recherche d’un certain vraisemblable, répondant non pas à cette obsession de la vérité telle que les philosophes grecs nous ont montré qu’il était nécessaire de rechercher mais à une doxa politique se déclarant vérité révélée et absolue. De mon point de vue, c’est une manifestation perverse de l’immiscion d’une forme de religiosité séculière là où on l’attend le moins (deuxième sujet de thèse pour étudiant motivé !).
On peut avoir une idée précise du poids de cette idéologie en lisant les livres de Brighelli, ou de Finkelkraut, qui décrivent très bien les mécanismes et les impacts négatifs de cette idéologie sur des générations d’élèves. Une des meilleures analyse du système a toutefois été esquissée par Raymond Boudon dès 1974 dans son essai L’inégalité des chances, à mon avis le seul livre analysant rigoureusement le système de l’Education nationale, (bien que le sujet du livre soit plus vaste que le seul champ de l’Education nationale) le fameux « mammouth à dégraisser » dénoncé en son temps par un ministre socialiste à l’air facétieux.
Cela se résume dans l’Education nationale, au fait qu’on ne veut pas faire réfléchir les élèves dans le sens philosophique du terme, on veut simplement imposer le vrai idéologiquement patenté en haut lieu. Pour arriver plus efficacement à ces fins, il faut soustraire les outils nécessaires à la réflexion et à la réflexivité par l’appauvrissement du vocabulaire (que cet appauvrissement soit volontaire ou involontaire, inconscient ou conscient).
La maîtrise de langue française enfin (je ne parlerai que de l’expression écrite) : c’est le troisième domaine où l’on peut percevoir le recul de l’Education nationale. La relativisation de l’écrit en tant que système d’expression rigoureux découle logiquement de cette entreprise de crétinisation (pour reprendre le mot de Brighelli). C’est très pervers. Aujourd’hui on simplifie les textes, on épure le vocabulaire, on ne note pas l’orthographe, on ne note pas la conjugaison, il est interdit de sanctionner les élèves pour des défaillances grammaticales ou de vocabulaire. C’est ce que j’appelle la dictature de la minorité, tout ce qui s’oppose à ce qui est perçu comme étant la manifestation de l’éducation bourgeoise, (savoir bien s’exprimer, savoir bien écrire) est valorisé. On valorise le faible et toute l’énergie de l’Education nationale aujourd’hui est orienté vers cette fin. C’est obsessionnel. C’est un nivellement par le bas qui, dans la tête de ceux qui agissent de cette manière a pour objectif d’aller vers le haut (on n’en est plus à un paradoxe près dans l’Education nationale). Le principe est le suivant : tous ces élèves qui sont soi-disant en difficulté, sont en difficulté non pas parce qu’ils le sont intrinsèquement mais ils le sont parce qu’ils n’ont pas eu de chance. L’égalitarisme est donc le seul moyen pour élever les faibles en abaissant les forts.
[1] Contraction de pédagogique et démagogique : néologisme utilisé par les critiques du milieu scolaire (comme J.-M. Brughelli par exemple)
Lengadoc Info : On assiste à une tentative de débat quant à l’introduction de l’écriture inclusive dans la sphère publique. Que pensez-vous de de cette question en tant que professeur ?
Pour l’instant dans l’Education nationale c’est une question qui n’existe pas. Elle reste sous la forme d’un délire idéologique qui est prôné par une ultra minorité. Il n’y a absolument pas du tout de prise objective de l’écriture inclusive ni dans les discussions qu’on peut avoir avec les profs ni dans les textes officiels. Et j’insiste bien là-dessus, aujourd’hui aucun texte de l’Education nationale ne parle ou ne prône l’écriture inclusive. Cette question-là ne se pose pas dans la mesure où peu d’élèves en définitive maîtrisent correctement le français. L’écriture inclusive est une utopie absolue dans la pratique de l’écrit. C’est impossible. C’est comme si vous vouliez imposer l’apprentissage du grec ancien à la population française. C’est un succulent paradoxe ! Les progressistes sont pris à leur propre piège ! Ils ont milité pour un appauvrissement soi-disant « nécessaire » de la langue française ayant comme résultat l’entreprise de crétinisation que je viens de décrire et ces mêmes progressistes aimeraient que ces mêmes crétins accèdent à la maîtrise d’une écriture inclusive ultra complexe nécessitant pour être effective une grande maîtrise des règles de la grammaire ! Mission impossible ! J’en ris aux éclats !
Lengadoc Info : Cette année a eu lieu la décapitation de Samuel Paty suite à une accusation mensongère d’une élève musulmane. Est-ce que vous vous sentez concerné dans votre métier par cette question de la confrontation avec l’islam ou l’islamisme ?
Je ne suis qu’un exemple parmi des milliers. Dans mon établissement, dans ma pratique quotidienne il n’y a eu absolument aucune incidence du cas de Samuel Paty. Personne dans mes collègues n’en a parlé et je n’ai reçu aucune missive officielle autre que celle nous demandant d’observer une minute de silence et d’expliquer sommairement (sans aucune directive) la situation aux élèves. Une fois la minute de silence passée, il n’y a eu aucun débat sur cette question. Samuel Paty c’est du passé, oublions et passons à autre chose… Voilà mon sentiment en tant que professeur d’Histoire-Géographie de surcroît concernant l’impact de ce crime dans les salles des professeurs des établissement scolaires…
Je ne suis pas directement confronté à cette problématique islamiste, puisque j’ai très très peu d’élèves musulmans et certainement pas a priori, islamistes, puisqu’ils sont trop jeunes. Peut-être plus tard… Tout ce que je peux dire c’est que cet épisode tragique ne m’a pas plus étonné que ça. Je ne veux pas dire que je m’attendais à cela, mais que dans le contexte actuel, plus rien ne m’étonne, malheureusement. Je suis un professeur qui s’interroge et qui se cultive à ce niveau-là. J’ai la chance d’avoir fait des études d’histoire religieuse et je sais ce qu’est l’islam, en tant que phénomène historique. Je sais que le point central pour expliquer ce qui arrive à la France aujourd’hui est la question de la différenciation entre islam et islamisme. Les progressistes qui nous gouvernent depuis plus de trente ans doivent absolument cultiver cette différence (qui n’est qu’idéologique) entre Islam et Islamisme pour garantir la paix sociale et parfaire le projet de l’effacement de la nation au profit d’un gouvernement supranational. J’ai été surpris par ce qui est arrivé à Samuel Paty (et horrifié bien entendu) mais certainement pas stupéfait. Pourquoi pas, après tout ? Et pourquoi pas le pire ? Pourquoi ne pas s’attaquer plus tard à une école maternelle ou quelque chose qui serait encore une surenchère dans l’horreur ? Je sais à quoi la France est confrontée depuis un certain nombre d’années et sur quel chemin elle va malheureusement aux mains d’élites qui n’ont pas la même perception du réel que ceux qui sont ancrés dedans…
L’Education nationale est donc au centre de cet enjeu civilisationnel car elle forme les générations futures dans tous les domaines de la pensée, même celui de la non-pensée… Je reprends les analyses qui ont été faites dans certaines sphères sur l’histoire tragique de Samuel Paty. C’est un effet pervers de la politique et de l’idéologie dominante ; celle de la soumission à une perception hors-sol de la réalité sociale. Nos élites doivent maîtriser et accompagner la construction de la réalité sociale par le jeu des interactions sociales qui font ce qu’une société donnée est. C’est pourquoi elles sont élues. Malheureusement au lieu d’accompagner objectivement cette construction de la réalité sociale en commun avec le peuple, elles imposent autoritairement une construction sociale de la réalité (subjective) : le progressisme. Et c’est une bonne leçon sur ce qu’est une idéologie et la catastrophe qu’une idéologie peut produire pour tout un peuple dirigé par des idéologues qui contre vents et marées, contre le réel et l’évidence, le bon sens et l’opinion de la majorité continuent aveuglément à imposer leur vérité au nom d’un bien fantasmé. Le père Ubu a encore de longues années de règne…
Lengadoc Info : Mais quelle est cette idéologie ? C’est l’égalitarisme, le progressisme ?
C’est tout simplement la synthèse de celles-ci : l’islamo-gauchisme (qui comme cela ne vous a certainement pas échappé, est passé du registre du complotisme et du vocabulaire de l’extrême droite au registre du réel par l’opération magique d’un ministre du gouvernement… Il a fallu que ce ministre prononce ce mot pour qu’il soit absous de tout péché… Quand je vous dit que le religieux se faufile partout… !) L’islamo-gauchisme c’est considérer que l’islam aujourd’hui et le remplaçant du Prolétariat d’hier. Il n’y a plus de prolétaires, les ouvriers s’enrichissent et leur nombre est peau de chagrin ; les ouvriers ont des propriétés privées et votent Front National (au moins depuis le 21 avril 2002). Il n’y a plus de prolétariat au sens marxiste du terme. Il faut donc trouver des pauvres, il faut trouver des opprimés, il faut un nouveau prolétariat. L’opprimé, le pauvre, le prolétaire, c’est l’immigré. L’immigré est à 95% musulman donc ce qui est musulman est sacré et ce qui est sacré est intouchable et ce qui est intouchable et bien n’est pas touché (sous peine de sacrilège… Tiens encore un mot du registre du religieux… !). Et lorsque cet intouchable nous touche (même lors d’une décapitation), on a l’impression qu’il ne nous touche pas, on contourne le problème (le fameux « déséquilibré-loup solitaire »…). Il faut justifier le (nouveau) prolétaire car il est ontologiquement bon (c’est-à-dire bon en lui-même). Il faut tout lui pardonner, même l’impardonnable. Et lorsqu’un « nouveau prolétaire » dérape, ce n’est pas dû à lui-même (on lui refuse le statut de penseur, donc on le dévalorise intellectuellement pour le justifier) c’est dû à un système extérieur dont il est victime. Voilà l’idéologie sous-jacente qui domine dans les cerveaux crétinisés par le système islamo-gauchiste.
Dans cet ordre d’idée, le traitement de la mort de Samuel Paty est une manifestation caractéristique de l’idéologie islamo-gauchiste à l’intérieur de l’Education nationale.
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