23/05/2018 – 15h15 Syrie (Lengadoc Info) – point 59 – L’objectif de Bachar El Assad de sécuriser entièrement les alentours de la capitale Damas est finalement accompli. Le gouvernement de la Syrie reprend ainsi progressivement le contrôle du pays, affermissant sa supériorité militaire face aux divers groupes rebelles et islamistes issus du « Printemps arabe » de 2011. Désormais, c’est un conflit de dimension régionale qui se profile entre d’un coté Israël et de l’autre l’Iran.
Les victoires loyalistes
La dernière poche de résistance au pouvoir dans la région de Damas a fini par tomber ce 21 mai 2018. Les quartiers aux mains de l’Etat Islamique situés en banlieue sud de Damas ont été progressivement repris par l’armée loyaliste suite notamment à un accord de réconciliation contre nature avec les combattants rebelles affiliés à Al Qaïda contrôlant les quartiers est de cette poche de résistance. Ainsi les forces armées ont pu donner l’assaut de toutes parts et pousser les combattants jihadistes à la reddition. Ces derniers ont ainsi été évacués en direction de la zone désertique de Deir Ez-Zor où ils seront progressivement éliminés.
Dès le lendemain de leur arrivée, ces combattants se sont joints à leurs frères pour lancer un assaut meurtrier en direction de la station de pompage T3 située à 40 kilomètres à l’est de Palmyre. Prouvant ainsi leur capacité de nuisance encore intacte.
De manière concomitante, un accord de réconciliation a été établi le 2 mai 2018 dans la dernière zone « rebelle » située au nord de la capitale régionale d’Homs. Cette poche dite « de Rastan » passe officiellement sous contrôle gouvernemental le 16 mai 2018. C’est également la réouverture complète de l’autoroute M5 reliant Damas à Hama qui a lieu, un enjeu économique et militaire considérable.
Ces deux victoires parachèvent la mainmise du gouvernement sur la partie occidentale de Syrie qui se trouve être la plus peuplée. Ne restent plus de ce coté-ci, que la zone rebelle de Daraa frontalière avec Israël et la Jordanie au sud et la grande poche d’Idlib zone de regroupement de tous les combattants évacués du pays.
Théâtres d’opérations potentiels
Il apparait désormais 3 zones de conflits potentielles.
1/ La poche de Daraa située au sud. Les unités loyalistes ayant nettoyé la Ghouta est puis Damas sud sont actuellement acheminées dans la région. Le poste frontière de Nassib avec la Jordanie est l’objectif principal. La difficulté de ce théâtre d’opérations est qu’il est contigu à l’état d’Israël sur tout le flanc ouest. Une zone tampon avec les territoires occupés du Golan qui arrange bien Israël puisqu’elle empêche les prétentions syriennes sur des territoires qui lui appartient et qui risquent d’être source de conflit dans un futur proche. De plus, aucune intervention iranienne dans le secteur ne sera tolérée par Israël.
2/ La zone d’Idlib coté ouest. Des rapports font état d’une volonté de pénétration de la poche d’Idlib par l’ouest. La ville de Jisr ash-Shugur et la plaine du Ghab seraient en ligne de mire.
3/ La zone d’Idlib coté est. Des rapports font état de déplacements de troupes au nord-ouest d’Alep. Cette zone s’est réchauffée récemment via des bombardements mutuels entre Hayyat Tahrir al-Sham et les forces loyalistes. L’objectif vise à libérer la plaine d’Anadan et ainsi rétablir la libre circulation autoroutière entre la capitale régionale d’Alep et son homologue turque de Gaziantep située à 100 kilomètres au Nord. Un petit arrangement entre les gouvernements turcs et syriens dans le dos des rebelles et des kurdes de la région d’Afrin
Le reste du front
– Le 8 mai 2018 le président américain Donald Trump a annoncé le retrait de son pays de l’accord sur le nucléaire iranien. Le retrait de cet accord obtenu au forceps suite à de très longue négociations, tend à exacerber un peu plus les tensions régionales.
– Le 12 mai 2018 à Paris un islamiste d’origine tchétchène Khamzat Azimov a poignardé 5 personnes dans le quartier de l’Opéra au crie d’Allah Akhbar. L’homme, fiché S, sera abattu par les services de police. L’attentat sera revendiqué par l’Etat Islamique.
– Le 14 mai 2018, journée noire à la frontière entre Israël et Gaza qui a occasionné 59 morts et plus de 2000 blessés coté palestinien. Ces derniers protestaient contre le transfert de l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem.
– Le 15 mai les Forces Démocratiques Syriennes à prédominance kurde se sont emparés de la ville de Baghouz Tahtani située le long de l’Euphrate à la frontière avec l’Irak. L’objectif étant de réduire cette poche d’une quinzaine de villages aux mains de l’Etat Islamique où aurait été localisé Al-Baghdadi.
Martial Roudier
Photos : DR
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