14/05/2018 – 18h50 Montpellier (Lengadoc Info) – Tribune libre – Alors que le sang coule une nouvelle fois dans les rues de Paris, la « lutte contre le terrorisme » a du plomb dans l’aile. La France a été encore une fois visée par l’État Islamique. L’attentat qui a eu lieu ce samedi 12 mai dans le deuxième arrondissement de Paris et qui a fait un mort et plusieurs blessés, relance le débat sur la stratégie à adopter quant à lutte contre l’Islam radical.
L’ennemi c’est l’islamisme, le terrorisme n’est qu’un outil
L’avez-vous remarqué ? En France, l’Etat n’est jamais en guerre contre l’islamisme mais contre le « terrorisme ». Souvenez-vous, le 16 novembre 2015, trois jours après les attentats du Bataclan, François Hollande annonçait devant l’assemblée nationale que la France était en guerre, qu’il fallait « agir […] contre le terrorisme de guerre ». Pas un mot sur l’Islam radical, le terme « islamisme » n’a même pas été prononcé.
Un silence logique, car oui, la France n’est absolument pas en guerre contre l’islamisme. Une telle guerre signifierait, par exemple, que la France soit en guerre contre les pays islamistes comme l’Arabie Saoudite ou le Qatar. Chose impensable aujourd’hui alors que ces deux pays sont parmi les premiers clients de l’industrie de l’armement français.
De même, faire la guerre à l’islamisme cela veut dire fermer les mosquées salafistes et expulser où enfermer ceux qui se font l’apôtre d’un islam radical. Or là encore, cela semble impensable aux yeux des dirigeants de notre pays. Désigner l’islam radical comme l’ennemi du pays, c’est désigner toute une partie de la population qui adhère à cette doctrine. Il est ainsi plus facile de cibler les terroristes, quelques dizaines ou centaines d’individus. On se retrouve alors avec des déclarations comme celle du préfet de l’Hérault qui déclarait en 2016 à propos des djihadistes de Lunel qu’« être un musulman intégriste, ce n’est pas un délit ».
Le terrorisme n’est que l’arme du pauvre
En s’attaquant au « terrorisme », la France se trompe donc de cible. Le terrorisme n’est qu’un outil, une tactique de guerre et n’est associé à aucune doctrine particulière. Le terrorisme c’est une forme de combat que l’on utilise lorsque les forces entre les belligérants sont asymétriques.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, les résistants étaient appelés « terroristes » par les Allemands. Michael Collins, héros de l’indépendance irlandaise était un « terroriste ». Même Nelson Mandela a été un terroriste (les États-Unis ont retiré le fondateur de l’ANC de leur liste noire du terrorisme en 2008 seulement).
En revanche, les islamistes qui déferlèrent sur le Mali en 2012 n’avaient pas ou peu recours au terrorisme jusqu’à ce qu’ils se retrouvent confrontés à la supériorité de l’armée française. Cela n’a pas empêché le gouvernement français de légitimer son intervention militaire au nom de la « lutte contre le terrorisme ».
Aussi, déclarer la « guerre au terrorisme » a autant de sens que si la France et l’Angleterre avaient déclaré la « guerre à la blitzkrieg » en 1939. En refusant de désigner clairement l’ennemi, la France ne peut espérer vaincre un jour ceux qui aujourd’hui tuent nos enfants au nom d’un Islam radical et conquérant.
Jordi Vives
Photos : Lengadoc Info
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Excellent article. Le préfet de l’Hérault qui a proféré les âneries citées dans cet article est devenu depuis … le coordonnateur national de la lutte contre le terrorisme ! On est mal …