07/03/2018 – 20h00 Montpellier (Lengadoc Info) – Les médias vantent sans cesse la loi de 1905. Mais qui se souvient qu’elle mena la France au bord de la guerre civile ? Que fut cette loi et dans quel contexte intervint-elle ? Nous traiterons ce long sujet, tant sur le plan national que local, en plusieurs volets.
La situation des biens ecclésiastiques en 1900
Depuis le Moyen-Âge, chaque fondation religieuse devait disposer d’un patrimoine suffisant pour assumer l’essentiel de ses charges. Ainsi la vie du clergé et l’entretien des bâtiments afférents ne pesaient pas trop sur les habitants. Quelques ordres, dits mendiants, échappaient à ce principe. Certes ce système connut d’innombrables et condamnables abus, mais il s’avéra globalement efficace en assurant à l’Église une certaine indépendance face aux différents pouvoirs. À la Révolution, ce patrimoine fut confisqué par l’État. Avec le Concordat de 1801, l’Église de France renonça à réclamer ses biens en échange de logements et d’une rémunération pour le clergé séculier ainsi que de l’ouverture de séminaires. Une partie des anciennes églises furent mises à disposition, mais restèrent propriété de l’État, qui en assumait l’entretien. À partir de 1804, le pouvoir autorisa progressivement l’installation de communautés religieuses, les congrégations, dotées d’un patrimoine acquis par leurs propres moyens. Elles étaient donc plus indépendantes. À la fin du XIX° siècle, la France comptait environ 1 200 congrégations regroupant 30 000 religieux et 130 000 religieuses. Elles instruisaient 2 millions d’enfants, procuraient des soins à 104 000 malades, recueillaient plus de 60 000 orphelins…
Premières expulsions de 1880, prélude aux lois de 1901 et 1905
L’indépendance des congrégations inquiétait le gouvernement Ferry. Le 28 mars 1880, deux décrets interdirent les Jésuites et soumirent les autres congrégations à autorisation. Ainsi 261 couvents furent fermés et 5 641 religieux expulsés hors de France, parfois par l’armée. De nombreuses expulsions furent ensuite annulées par les tribunaux.
À Montpellier, les 17 Jésuites qui enseignaient dans l’École libre du Sacré-Cœur eurent jusqu’au 31 août pour se disperser. Les inspecteurs de la police des chemins de fer furent chargés de les surveiller. Mais 4 réussirent à se cacher grâce à la complicité du marquis de Forton. Comme l’établissement était dirigé par l’évêque, Monseigneur de Rovérié de Cabrières (il deviendra cardinal en 1911), il resta ouvert. En novembre, les Frères des Écoles Chrétiennes furent exilés et leur établissement, situé entre le boulevard Louis Blanc et l’impasse de la Petite-Corraterie, fut fermé. Ces bâtiments abritent aujourd’hui une auberge de jeunesse et des services municipaux. Grâce à la générosité de mécènes, notamment les Granier et les Faulquier, l’École Saint Jean-Baptiste de La Salle, 29 bis quai du Verdanson, la remplaça.
Théodore Mnémosyme
Photos : DR
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