19/01/2018 – 18h30 Borgo(Lengadoc Info) – C’est une ambiance très tendue qui règne aux alentours de la Maison d’Arrêt de Borgo à 15 kilomètres de Bastia (Corse). Un important mouvement de ras-le-bol mobilise l’ensemble des membres de l’Administration Pénitentiaire de la prison suite à l’agression de 2 surveillants par un détenu islamiste radicalisé ce matin.
Agression islamiste à la prison de Borgo
L’agression qui a eu lieu ce matin à la Maison d’Arrêt de Borgo vient confirmer l’état des lieux déplorable des conditions de travail des surveillants de prison. Un détenu musulman radicalisé de 28 ans répondant semble-t-il au patronyme de Morad Akaouch a attaqué deux surveillants à l’arme blanche. L’individu purgeait une peine de 8 ans de prison pour des faits d’homicide involontaire survenus à Porto-Vecchio le 4 mars 2012.
Les deux surveillants ont été blessés, dont un gravement sans que son pronostic vital ne soit engagé. Antoine O. est actuellement au bloc opératoire. D’après les informations que nous avons pu récolter, l’assaillant se serait particulièrement acharné sur son premier adversaire. Le surveillant attaqué dans le dos souffrirait d’un pneumothorax ainsi que de plusieurs côtes brisées. Le détenu aurait crié « Allah Akhbar » au moment de l’attaque.
Les surveillants de prison ont immédiatement fait part de leur indignation et se sont rassemblés devant les portes de l’établissement pénitentiaire pour exprimer leur colère. L’attroupement compte entre 200 et 250 personnes qui font face à des gendarmes mobiles dépêchés sur place en urgence. Ce sont ces derniers qui gèrent le fonctionnement de la prison en l’absence des surveillants. Les Equipes Régionales d’Intervention et de Sécurité (ERIS) de Marseille sont attendues dans la soirée. L’accès à la prison est entièrement bloqué et ce, à plusieurs centaines de mètres de l’entrée. On assiste à un va et vient de forces de l’ordre entre la prison et la base du Peloton de Surveillance et d’Intervention de la Gendarmerie (PSIG) situé à proximité où l’agresseur ainsi que 3 autres détenus ont été placés en garde à vue.
Une semaine difficile pour le Garde des Sceaux Nicole Belloubet qui, après Vendin-le-Vieil il y a 3 jours, vient d’arriver à Borgo pour tenter d’apaiser la colère des surveillants.
« J’exprime tout mon soutien et mon attention aux deux surveillants agressés ce jour au centre pénitentiaire de Borgo. » N.B
— Nicole Belloubet (@NBelloubet) 19 janvier 2018
L’imam « fiché S » de la prison de Borgo
Un autre écueil placé sur la route du Garde des Sceaux est la question de Lamrani Elhouabi. Cet imam de la prison de Borgo avait vu son autorisation d’accès suspendue par l’Administration Pénitentiaire en septembre 2016 suite à un placement en fiche S puis réattribuée par le tribunal administratif en septembre 2017. Ce feuilleton judiciaire avait fait couler beaucoup d’encre sur l’île dans un contexte général où la question de la radicalisation en milieu carcéral inquiète chaque jour un peu plus les institutions.
La question des prisonniers politiques relancée
On sait que tous les dossiers qui concernent la Corse sont traités de manière particulière par l’État français. Ce nouvel incident pourrait relancer la question des prisonniers politiques corses incarcérés sur le continent. Le plus « célèbre » d’entre eux étant Yvan Colonna, l’assassin du préfet Erignac à Ajaccio le 6 février 1998. Beaucoup de corses, pas forcément impliqués dans les mouvements nationalistes, considèrent comme une injustice cet éloignement. L’équivalent d’une double peine pour les familles, forcées d’effectuer des déplacements incessants pour maintenir les liens familiaux avec les détenus. Les réactions sont vives sur internet où cet éloignement forcé est opposé à l’agression de ce matin par un islamiste « non corse ».
Cc @gouvernementFR @j_gourault dc le prisonnier radicalisé, lui, à le droit d’être en prison en Corse même s’il agresse et blesse grvmnt le perso. pénitentiaire mais le prisonnier politique qui se tient à carreau est jugé trop dangereux pour être ds la prison de Borgo? #logique
— Geronimi Josepha (@GeronimiJosepha) 19 janvier 2018
Un contexte général de grogne dans la « pénitentiaire »
Un mouvement de protestation de grande ampleur s’est emparé des surveillants de prison depuis une semaine dans toute la France. L’ensemble des syndicats dénoncent de manière unanime leurs conditions de travail suite à de trop nombreuses agressions de la part de détenus. C’est l’agression de trois surveillants le 11 janvier 2018 par Christian Ganczarski, un détenu islamiste converti de 51 ans au Centre de Détention de Vendin-le-Vieil au sud de Lille qui a mis le feu aux poudres. Christian Ganczarski avait été condamné à 18 ans de réclusion pour avoir été le cerveau de l’attentat contre une synagogue à Djerba en 2002 ayant fait 21 morts dont des français.
Les trois surveillants ont été légèrement blessés mais un appel à la grève générale a été lancé pour les journées des 15 et 16 janvier 2018.
Les responsables syndicaux dénoncent notamment l’inadaptation des procédures de prise en charge concernant les détenus ayant des profils islamistes.
De notre correspondant local à Bastia, Lisandru
Photos : Lengadoc Info
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