14/01/2018 – 20h00 Syrie (Lengadoc Info) – Point de situation numéro 50 – La situation en Syrie au début du mois de décembre avait vu la fin officielle de l’existence de l’Etat Islamique avec le nettoyage de la rive ouest de l’Euphrate par les forces armées syriennes et leurs nombreux alliés. L’effort s’est alors recentré sur l’ouest du pays avec notamment une poussée plus que significative à travers les lignes d’ Hayyat Tahrir al-Sham dans la poche centrale d’Idlib.
Combats en périphérie de Damas
Fin décembre 2017 a vu une belle victoire pour les forces gouvernementales à une trentaine de kilomètres de la capitale syrienne, Damas. La poche de Beit Jin a été entièrement réduite. Des combats acharnés ont eu lieu avec un net avantage pour les forces loyalistes qui ont réussi à fractionner progressivement la zone. L’isolement puis la prise de la ville de Maghar al-Mir le 27 décembre 2017 a amené les rebelles à accepter l’accord proposé par le gouvernement à savoir l’abandon des positions et du matériel et le transfert des combattants les plus radicaux dans la poche d’Idlib.
Une bouffée d’oxygène dans ce secteur difficile puisque frontalier avec l’état d’Israël.
Dans le même temps, le 29 décembre 2017 les jihadistes situés dans la poche de la Ghouta orientale en banlieue nord-est de Damas, ont lancé une nouvelle offensive en direction de la base des véhicules blindés d’Irbeen. Attaque puissante et coordonnée entre le groupe Ahrar al-Sham depuis Harasta au nord et Faylaq al-Rahman depuis Irbin au sud. La base faisant un saillant en territoire ennemi, l’effort s’est porté au nord-ouest de la base qui a été finalement encerclée le 4 janvier 2018. Un revers hautement symbolique dans un contexte de victoire pour les forces loyalistes. Des renforts ont rapidement été dépêchés sur place et à l’issue de combats meurtriers soutenus par d’intenses pilonnages aériens et d’artillerie, le siège a été brisé le 7 janvier 2018. Une offensive plus générale visant à récupérer de vastes zones semble en cours dans le secteur.
Conquête de l’est de la poche d’Idlib
Les forces blindés opéraient dans ce secteur difficile du nord-est d’Hama afin de récupérer la ville d’Abu Dali depuis sa capture par Hayyat Tahrir al-Sham le 8 octobre 2017. Abu Dali est un emplacement stratégique qui permet de desservir toute cette partie du front sud-est d’Idlib. Les forces loyalistes ont agi dans ce secteur contre Hayyat Tahrir al-Sham avec un accord de non agression temporaire vis à vis des combattants de l’Etat Islamique qui s’est taillé un territoire au détriment d’ Hayyat Tahrir al-Sham. Abu Dali a été finalement conquise le 29 décembre 2017, date à laquelle nous pouvons considérer le début de l’offensive de l’est de la poche d’Idlib.
En effet, les forces Tigre ont continué sur leur lancée et ont poussé en direction du nord-est jusqu’à Khuwain, un important carrefour. C’est à ce moment là qu’elles ont bifurqué en direction du nord-est, laissant présumer que l’objectif final était la base aérienne d’ Abu Duhur 40 kilomètres au nord des positions de départ. Les lignes de défense d’ Hayyat Tahrir al-Sham semblent s’être complètement effondrées et les forces Tigre ont progressé très régulièrement à la vitesse d’une dizaine de villages libérés chaque jour. Le couloir ainsi formé mesure approximativement 40 kilomètres sur 20 kilomètres de large en une quinzaine de jours.
Arrivés rapidement à la périphérie sud de la base aérienne d’Abu Duhur, l’état major syrien a ouvert un nouveau front au sud-ouest de Khanasser de manière à refermer la nasse sur une partie des combattants d’ Hayyat Tahrir al-Sham ainsi que de l’Etat Islamique. Cette menace a eu pour conséquence d’affoler les états-majors islamistes qui ont décidé d’évacuer leurs troupes. Ainsi nous assistons à l’abandon de la vaste zone du plateau Al-Hess situé à 30 kilomètres au sud d’Alep.
Il faut bien avoir à l’esprit que cette bataille est un coup de maître tactiquement parlant. Cette percée en direction d’Abu Duhur aura entrainé une débandade chez l’ennemi, peu coutumier de la chose, et la récupération de vastes portions de territoire qu’il aurait été couteux de remporter.
Au moment de mettre en ligne cet article, il ne reste plus qu’un couloir de 6 kilomètres de large pour fermer définitivement la poche du nord-est d’Hama ainsi que la prise d’Abu Duhur et de son aéroport pour terminer cette phase de la conquête de la zone est de la poche d’Idlib.
Le reste du front
– Le 28 décembre 2017 des manifestations violentes éclatent dans des dizaines de villes d’Iran pendant 5 jours. Seront dénoncés la situation économique désastreuse, le taux de chômage, la corruption mais aussi l’intervention militaire en Syrie ainsi que le pouvoir religieux. On déplorera une vingtaine de morts et des centaines d’arrestations. Les autorités iraniennes dénonceront l’Occident comme étant à l’origine de ces troubles. #IranProtest
– Le 31 décembre 2017 une attaque au mortier sur la base aérienne russe de Khmeimim fait deux tués et un avion endommagé
– Le 4 janvier 2018, deux drones armés sont abattus près de la base aérienne russe de Khmeimim sans occasionner de dégâts.
– Le 06 janvier 2018, 10 drones ont attaqué la base aérienne russe de Khmeimim et 3 drones ont attaqué la base logistique maritime russe de Tartous. L’armée russe a pris le contrôle de 6 drones au moyen de contre-mesures électromagnétiques et un système de défense aérienne à courte portée Pantsir-S1 a abattu les 7 autres.
Selon les autorités russes, ces deux dernières attaques constituent une nouveauté au regard des technologies employées. Elles nécessitent la maîtrise de compétences qui ne sont pas à la portée du moindre groupe terroriste venu. Les autorités russes ont mis en garde les pays susceptibles d’être à l’origine de cette aide qui pourrait être utilisée contre n’importe qui sur la planète.
– Le 13 janvier 2018, l’Etat Islamique a regagné du terrain sur la rive est de l’Euphrate en occasionnant de grosses pertes aux Forces Démocratiques Syriennes. Il semble maître d’une quinzaine de villes auxquelles il s’accroche farouchement.
– Le 13 janvier 2018, la Turquie a bombardé des positions dans le sud du canton d’Afrin. Ces bombardements font suite aux récentes déclarations belliqueuses du président turc Erdogan à l’encontre des troupes kurdes qu’il menace d’anéantissement.
Martial Roudier
Photos : DR
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