22/10/2017 – 19h15 Montpellier (Lengadoc-info.com) – Connaissez-vous la différence entre le languedocien de Montpellier et de Sète ? Entre le breton de Quimper et de l’île de Sein ? Entre l’alsacien de Strasbourg et celui de Colmar ? Non ? Et bien il est désormais possible de le découvrir grâce à un atlas sonore des langues régionales créé par des chercheurs du Laboratoire d’Informatique pour la Mécanique et les Sciences de l’Ingénieur (LIMSI) du CNRS.
126 langues régionales en un clic
Bien que la République ne reconnaisse constitutionnellement que la langue française, la France possède une diversité linguistique bien plus importante. C’est ce que démontre l’Atlas sonore créé par trois chercheurs du LIMSI, Philippe Boula de Mareüil (CNRS), Albert Rilliard (CNRS) et Frédéric Vernier (Université Paris-Sud), et qui répertorie près de 126 langues régionales pour la Métropole, la Corse, la Guadeloupe et la Réunion.
Pour cela, les trois chercheurs ont sillonné la France pour enregistrer sur le terrain une fable du poète grec antique Ésope, « La bise et le soleil », dans chacune de ces langues. Un travail titanesque mais qui permet de découvrir une richesse linguistique bien souvent ignorée.
La plupart de ces 126 langues régionales appartiennent à la famille des langues romanes, que l’on doit diviser en deux avec les langues d’Oïl au nord comme le normand, le picard, le lorrain ou le franc-comtois, et les langues d’Oc au sud avec le gascon, le languedocien, le provençal, le catalan, le corse, etc.
Il faut ajouter à cela les langues celtes (le breton) et germaniques (l’alsacien, le flamand, le francique), sans oublier la langue basque qui a la particularité d’être la seule langue d’Europe qui ne possède aucune filiation avec d’autres langues.
Un atlas sonore pour défendre une identité qui disparaît
Le jacobinisme issu de la Révolution française et l’uniformisation des cultures locales depuis la Troisième République, ont conduit à un déclin très importants de ces langues régionales au profit d’une identité nationale et républicaine peu favorable à la reconnaissance des particularismes identitaires.
Si certaines de ces langues parviennent à se maintenir, notamment grâce à l’enseignement et à la création d’écoles privées (comme les écoles Diwan en Bretagne ou les Calandreta en Occitanie), beaucoup des ces langues risquent de disparaître dans les décennies à venir. Par exemple, les chercheurs du LIMSI estiment que le flamand occidental n’est parlé réellement aujourd’hui que par trois ou quatre personnes.
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