27/05/2017 – 08h00 Perpignan (Lengadoc Info) – Tribune libre – Au départ de la réflexion qui émerge depuis ces dernières années sur le politique et la place de l’Etat-nation, s’imposent différentes questions, dont celle-ci : comment rendre compatibles les identités stato-nationales (Belgique, Chine, France, Turquie…) avec l’apparition ou plutôt l’affirmation, de particularismes infra-étatiques (Flandre, Corse, Kurdistan et Catalogne…) ?
La montée des revendications régionalistes en Catalogne et ailleurs, oblige à repenser la Nation
En France, la question a pris de l’importance avec le débat sur la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires de 1999, et également, sur les accords Matignon concernant la Corse, ces deux questions ayant pour point commun de contrarier la tradition jacobine française.
Mais la France a longtemps été moins touchée que d’autres Etats-nations par la montée de revendications infranationales. L’accord sur la Nouvelle-Calédonie de 1998, dans le sens où il instaure une citoyenneté propre au territoire et rompt avec la norme républicaine d’une seule et même citoyenneté pour tous les français, apparaît comme original. Car si cette solution aux revendications identitaires en rupture avec l’idéal d’union nationale a été possible et globalement acceptée, il semblait difficile à l’époque d’imaginer une acclimatation de ce type de solution à la France métropolitaine.
Fait nouveau : le Gouvernement Central Français est confronté à l’explosion des représentations politiques et sa structure de domination apparaît bien contingente. Le débat politique ne s’exerce plus dans les palais de la République qui apparaissent comme des châteaux vides peuplés de généraux sans armée, mais dans les nouvelles solidarités qui s’expriment au local, sur les réseaux sociaux à travers le principe de subsidiarité. Le dernier ouvrage de Michel Maffesoli « Ecosophie » décrit parfaitement bien cette éclipse de Apollon et le grand retour de Dionysos…
Les mouvements identitaires Bretons comme Les Bonnets Rouges, Catalans comme Resistència, Occitans comme La Ligue du Midi, et tant d’autres en Europe continentale, incarnent ce renouveau extrêmement puissant qui monte pour une reconnaissance des particularismes locaux. Comment est-il possible que cette affaire dite du « Barrage de Sivens » qui avait été décidée et cooptée par tous les acteurs locaux de façon parfaitement démocratique, a-t-elle pu déboucher sur cette hystérie qui a finie en Conseil des Ministres ?
En Europe, les problèmes sont plus aigus, comme le montre les cas de la Catalogne, de la Lombardie ou de la Flandre. Dans ces trois régions, un nationalisme de contestation et même de rupture s’est sociologiquement et politiquement ancré. Il s’agit de nationalismes régionalistes se développant dans des Etats démocratiques.
Ces nationalismes se développent dans des régions riches, et non pas oppressées ou subordonnées à un pouvoir central ; ce sont des régions généralement en avance sur le plan économique, technologique, qui profitent peu, voire pas du tout de l’Etat-providence. Ce qui est contesté au départ n’est pas nécessairement le caractère national de l’Etat auquel ils appartiennent, mais c’est l’aspect « providence ». Mais dans le même temps, le refus du principe de solidarité nationale est évidemment source de fracture et contestation de l’existence d’un Etat-nation. La notion de communauté nationale est sérieusement mise à mal.
François de MAISTRE
Photos : Lengadoc Info
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Bonjour,
Vous dite dans l’article ( En Europe, les problèmes sont plus aigus, comme le montre les cas de la Catalogne, de la Lombardie ). En Italie se n’est pas la Lombardie qui pose un problème, mais la région de la Vénétie. Il feront le 22 octobre 2017 un référendum sur l’autonomie à défaut d’un referendum sur l’indépendance refusé le 28 avril 2015 voter par le gouvernement de la région de la Vénétie et défendu par l’avocat Elessio Morosin devant la cour constitutionnelle. Voir le site internet http://www.indipendenzaveneta.com.