Pyrale du buis
Crédit : Lengadoc Info

La pyrale du buis, une invasion catastrophique

06/05/2017 – 17h00 Ganges (Lengadoc Info) – Que vous soyez amateur de jardins publics, randonneur ou simplement en train de flâner, vous avez du constater cette anomalie qui touche les buis de la région. Les feuilles se dessèchent et l’arbre perd très rapidement son beau vert luisant de printemps. Petit à petit les branches effeuillées sèchent à leur tour et l’arbre dépérit entièrement. Certains arbres résisteront plusieurs années en essayant de lutter mais le résultat est pratiquement inéluctable. Vous avez été témoin de l’attaque redoutable d’un insecte classé « espèce invasive » à l’effet catastrophique. Son nom: la Pyrale du buis !

La Pyrale du buis, un envahisseur venu de Chine

Après le frelon asiatique tueur de nos abeilles, c’est donc uniquement aux buis que la Pyrale s’attaque. Arrivée en 2008 depuis la Chine dans des containers de produits manufacturés (dégât collatéral de la mondialisation), la Pyrale du buis est un ravageur qui compte s’installer durablement dans notre région. Sa présence a déjà été repérée dans toutes les régions de France et les organismes de protection de l’environnement se sont emparés du dossier afin de trouver des solutions. Malheureusement elle ne possède quasiment aucun prédateur qui pourrait limiter son expansion.

Pyrale du buis
Crédit : Lengadoc Info

La Pyrale du buis est en fait la chenille qui va donner naissance à un papillon nocturne appelé Cydalima Perspectalis. Ce dernier est un petit lépidoptère mesurant de 3 à 4 centimètres de couleur blanche avec un liseré marron sur le pourtour des ailes. Il existe également intégralement en marron. Vous pourrez le voir sous forme de nuées à partir du soir. C’est lui qui va pondre des centaines d’œufs (environ un millier) sur la face inférieure des feuilles des buis et qui est le vecteur de propagation de l’espèce. Mais c’est la chenille qui occasionne les ravages sur les arbres.

Comment repérer la présence de la Pyrale du buis ?

La chenille se reconnait très facilement. Elle mesure également de 3 à 4 centimètres, est de couleur majoritairement vert clair avec un liseré noir sur les cotés et une tête noire. Elle va dévorer littéralement les feuilles avec une efficacité redoutable puisqu’un arbuste peut être réduit à l’état de squelette en 24h à peine.

Pyrale du buis
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Outre le jaunissement des feuilles, vous pouvez également repérer sa présence grâce à l’apparition de filaments blancs comme de la soie mais un peu collants. Vous observerez également des petites boules marrons qui sont en fait les déjections des chenilles.

Pyrale du buis
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La période de ponte s’étale du printemps à l’automne puisque la Pyrale du buis peut connaitre jusqu’à 4 générations par an! Un cauchemar pour les jardiniers et un travail de titan pour tout un chacun.

Pyrale du buis
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Comment lutter contre l’invasion de la Pyrale du buis ?

Il existe diverses méthodes afin de tenter d’enrayer cette invasion mais rien de miraculeux.

– La plus simple et la plus accessible consiste à ramasser les chenilles à la main dans le feuillage. Cela peut s’avérer efficace sur de petites surfaces mais délicat dans le cas de haies par exemple. Si vous avez du temps et/ou de la main d’oeuvre, allez y franchement! Les chenilles NE SONT PAS URTICANTES. Aucun danger donc à les attraper à la main, la récolte est rapide et simple. Chaque renflement suspect de vos feuilles de buis est systématiquement le refuge d’une chenille en train de tisser un cocon pour sa chrysalide. Un bocal rempli à moitié d’eau fera ensuite amplement l’affaire.

Pyrale du buis
Crédit : Lengadoc Info

– Vous pouvez également secouer l’arbre de manière énergique ou frapper les branches avec un baton. Les chenilles sont très sensibles aux vibrations et s’échappent en descendant le long d’un fil de soie. Il faut que le sol soit dégagé pour pouvoir les ramasser. Vous pouvez disposer un drap ou un filet au sol comme pour la cueillette des olives.

– En cas de gros volume de feuilles, la méthode manuelle sera beaucoup moins efficace. Il convient alors d’utiliser des produits phytosanitaires sous forme de pulvérisation. Il en existe quelques uns, bios ou pas, qui s’avéreront efficaces. Attention à ne pas utiliser de produits qui seraient nocifs pour d’autres espèces, demandez conseil avant d’acheter.

– La difficulté des traitements consiste dans le fait qu’il faut toucher chaque chenille. Certaines solutions plus « intelligentes » consistent en l’emploi de traitements systémiques qui vont se diffuser à l’intérieur du support végétal. Ainsi c’est la chenille elle-même qui va s’empoisonner lors de l’ingestion des feuilles.

– Le Bacillus thuringiensis est une méthode biologique efficace puisque la chenille va elle-même ingérer le bacille.

– La disposition de pièges à phéromones attirera le papillon mâle dès sa sortie de chrysalide, cassant ainsi le processus de reproduction.

– Une autre technique de lutte raisonnée consiste en la diffusion d’insectes appelé Trichogrammes qui ont la particularité de pondre leurs œufs à l’intérieur des œufs de la Pyrale du buis. Ainsi ce sont ces fameux Trichogrammes qui opéreront la recherche des œufs et leur destruction.

– Vous pouvez également opter pour la solution du filet pour protéger vos buis sains dès l’apparition des papillons afin d’éviter la ponte. L’emmaillotage des sujets infectés peut s’avérer efficace en circonscrivant les papillons en zone infestée.

Comme on peut le voir, la liste des techniques est longue mais aucune n’est efficace à 100%. Il convient donc d’en combiner plusieurs en essayant de cibler les différents stades du développement de la Pyrale du buis. Oeuf, chenille, nymphe et le stade final (imago) le papillon. La surveillance et les interventions devront se répéter plusieurs fois dans la saison estivale. Une prise en compte collective du phénomène est également indispensable afin que vos efforts ne soient pas réduits à néant par des voisins peu scrupuleux…

Il convient de prendre conscience que c’est la disparition de tous les buis d’Europe qui est en jeu. Les fameux  « jardins à la Française » qui sont une des richesses culturelles de notre pays n’existeront plus en l’état. Les pépiniéristes s’orientent déjà sur un remplacement systématique de l’espèce buis. Le risque d’incendies sera accru dans les zones rurales où le buis est présent majoritairement. Une prise de conscience écologique de chaque citoyen serait un bon départ pour commencer à endiguer ce fléau, afin que chacun intervienne au plus près de la menace que constitue la Pyrale du buis et les autres espèces invasives. Car la Pyrale du buis n’est malheureusement pas la seule espèce qui menace la biodiversité de notre région, certaines espèces (animales ou végétales) que nous côtoyons quotidiennement représentent un danger mortel pour les espèces endémiques.

Photos : DR

Lengadoc-info.com, 2017, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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