01/05/2017 – 17h05 Syrie (Lengadoc Info) – Point de situation numéro 29 – La tendance générale est toujours au recul des forces de l’Etat islamique que ce soit en Syrie comme en Irak. L’avantage reste aux forces loyales au pouvoir de Bachar El-Assad en place en Syrie grâce notamment à ses alliés russes, libanais et iraniens face à une opposition militaire profondément divisée. Il n’en reste pas moins que la situation en Syrie peut évoluer de façon totalement imprévue comme en témoigne le regain de tensions au Nord du territoire provoqué par le président de la Turquie Erdogan contre les unités kurdes soutenues par les Etats Unis.
Les Kurdes et la Turquie
Le 1er Mai 2017, les combattants à majorité kurdes des Forces Démocratiques Syriennes viennent de prendre possession de la ville de Tabqa après près de 2 mois de combats. Les combattants de l’Etat Islamique sont désormais retranchés à l’intérieur de 2 zones industrielles situées au Nord de la ville. La voie vers Raqqah, la capitale historique de l’Etat Islamique en Syrie est désormais ouverte depuis l’Ouest. La réhabilitation de l’aéroport de Tabqa permettra un soutien aérien direct lors des combats pour la reprise de Raqqah.
Notons que plusieurs signes indiquent que l’Etat Islamique aurait déménagé sa capitale au Sud Est de la ville de Deir Ez-Zor, dans la ville d’Al-Mayadin située au centre de ce qu’il reste de son territoire à la fois en Syrie et en Irak.
Ceci étant, l’opération Colère de l’Euphrate pourrait perdre son élan suite au conflit que vient de déclencher le président turc Erdogan, conforté par le résultat du référendum du 16 avril 2017 en Turquie, contre les combattants kurdes dans le Nord de la Syrie. Erdogan assimile les Unités de Protection du Peuple (YPG) qui est la composante majeure des Forces Démocratiques Syriennes soutenues par les Etats Unis dans la lutte contre l’Etat Islamique, au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) considéré comme organisation terroriste d’orientation Marxiste Léniniste. D’importants contingents turcs sont massés au Nord du mur-frontière séparant la Syrie de la Turquie et des frappes aériennes ont eu lieu sur divers sites kurdes en Syrie comme en Irak. Les soldats kurdes du YPG stationnés près de la frontière avec la Turquie ont d’ailleurs répliqué à ces attaques. Une menace d’embrasement réelle qui pourrait nuire à la lutte contre l’Etat Islamique à un point tel que Russes et Américains ont positionné certaines de leurs troupes dans les zones kurdes visées par la Turquie.
Hama Nord
Le dimanche 16 avril 2017, tous les gains des rebelles islamistes de la coalition Hay’at Tahrir Al-Sham avaient été annulés par l’Armée Arabe Syrienne avec la reprise de la localité de Souran. Les forces d’élite blindées Tigre ont profité de leur élan et de l’intense soutien aérien syrien et russe pour développer leur offensive et capturer la localité de Taibat al Imam et de la ville d’Helfaya désormais accessible de 3 cotés. Les forces loyalistes ont donc pénétré à l’intérieur de la zone aux mains des rebelles depuis 5 ans. L’objectif étant d’effacer totalement le saillant situé au Nord de la capitale régionale d’Hama. Pour ce faire, « seulement » la reprise de trois localités est nécessaire avant de pénétrer dans la région d’Idlib qui est le territoire principal des forces rebelles. Une intense préparation aérienne est à l’œuvre tandis que les troupes terrestres s’organisent pour l’assaut au sol. Il est à souligner que la défense islamiste a énormément souffert de sa nouvelle tentative en direction d’Hama et que les troupes fraiches sont de plus en plus difficiles à trouver.
Goutha Orientale
La poche située au Nord Est de la capitale de la Syrie, Damas, est en voie de fractionnement régulier. La prise de la centrale électrique de Qaboun par les forces loyalistes est un coin important dans le dispositif adverse. La poche devrait se trouver entièrement morcelée d’ici peu et aboutir à une reddition des forces islamistes présentes à l’intérieur.
Les groupes rebelles situées au cœur de la poche de Goutha se sont livrés à de nouveaux conflits internes qui en disent long sur la psychologie des résistants à Bachar El-Assad. Le bilan de ces conflits avoisine le chiffre de 90 combattants tués pour les trois composantes rebelles d’Hay’at Tahrir Al-Sham, de Jaish Al-Islam et d’Arhar Al-Sham. Pour le plus grand bénéfice de Damas… Une autre guerre interne se situe au Sud de la capitale dans le camp de réfugiés de Yarmouk où les « rebelles » islamistes s’affrontent avec les jihadistes de l’Etat Islamique qui veulent gérer l’ensemble du camp.
Autour de Palmyre
Les forces armées loyalistes ont décidé d’élargir encore plus la zone tampon située autour de la cité antique de Palmyre. Après, une avancée en direction du Sud, c’est la reprise du champ gazier d’Ash-Shaer au Nord qui vient d’avoir lieu. C’est une part très importante de territoire désertique qui est donc passée du coté loyaliste. Un assaut depuis le Sud Ouest de la zone détenue par l’Etat Islamique a eu lieu également le 30 Mars 2017, libérant plus d’espace au Nord de l’autoroute M 20 reliant Palmyre à Homs. L’objectif définitif est-il de libérer toute la zone située à l’Est de Salamiyah ? Cette option permettrait de sécuriser l’axe d’approvisionnement qui maintient en vie la ville d’Alep et ses alentours. Quoi qu’il en soit, tant que les troupes sont concentrées sur le front d’Hama Nord, les autres secteurs devront attendre.
En Irak
Les unités de contre terrorisme irakiennes resserrent leur étau autour de la vieille ville malgré un taux de perte très important. Soulignons également le nombre très élevé de victimes civiles « collatérales » dû aux bombardements de la Coalition. Le bilan post conflit risque d’être édifiant… Les dernières avancées proviennent du Nord Ouest de la ville avec la prise de la porte Al-Fatah excluant de fait tout mouvement potentiel de combattants de l’Etat Islamique.
Alors que la bataille pour Tal-Afar à l’Ouest de Mossoul n’a toujours pas débuté, les Unités de Mobilisation Populaires ont libéré une zone importante dans le Sud Ouest de Mossoul autour de la ville d’Al-Hadar.
Martial Roudier
Photos : DR
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La création d’un état kurde a été envisagée après la guerre de 14-18. Depuis ce peuple ne cesse de se battre: si la télé n’était pas ce qu’elle est, elle diffuserait le célèbre film des années 80 « YOL » avec la situation géographique du territoire où vit cette population explique cette poudrière historique. Et bien sûr le « grand état voisin », principal persécuteur des Kurdes et voulant éviter la constitution d’un état reconnu, « joue » sur cette situation! Dans l’actuel conflit, les Kurdes anti- Daesh sont plutôt pro-syriens. Ankara s’appuie sur la coalition anti Assad! N’oublions surtout pas la question de l’entrée des migrants en Europe, élément de chantage d’Erdogan concernant l’entrée de son pays dans l’UE……