03/03/2017 – 17h00 Paris (Lengadoc Info) – Avec Art Paris Art Fair, Paris s’est mis aux couleurs du continent Africain. C’est ce dimanche 2 avril que les portes du Grand Palais se sont refermées sur les 139 exposants venus de 29 pays. Bien entendu, Art Paris Art Fair, n’a pas le prestige de la FIAC, mais force est de constater qu’elle engendre une belle dynamique.
Paris à l’heure Africaine
Du Musée Branly, au festival 100 % Afrique de la Villette, en passant bientôt par l’Institut du Monde Arabe, une exposition chez Sotheby’s et une vente chez Piasa, la Saga Africa célèbre le continent noir sous toutes ses formes. L’actualité parisienne du printemps 2017 s’est tournée vers l’Afrique. Aux Galeries Lafayette, Guillaume Houzé, son jeune directeur de l’image et de la communication, reconnaît surveiller les frémissements de la mode chez les spécialistes des tendances pour prospecter ensuite les scènes artistiques.
L’écrivain camerounais Simon Njami, qui fut directeur artistique des rencontres de Bamako de 2001 à 2007, commissaire du premier pavillon Africain à la 52 ème Biennale de Venise en 2007, est très inspiré, à la grande halle de la Vilette, dans son exposition « Afriques Capitales », qui métamorphose le monde en une immense ville. Et on peut écouter l’artiste béninois Emo de Medeiros transformer sa rage en art sculptural. Interactif comme la génération 2.0, il invite à y écouter ses messages en direct.
« La ville est un sujet transversal qui permet de rentrer dans une atmosphère, une histoire. Ce continent est traversé par tant de courants que leurs artistes en ont hérité une créativité forte et singulière. Les artistes que j’ai choisis, sans frontières, sont très ouverts, parlent tous au moins deux langues » explique Simon Njamib au milieu du café d’artiste imaginé par le marocain de Londres, Hassan Hajjaj. Tabourets en caisses de Coca-Cola, tapis en Nylon tressé aux murs et portraits détournés des stéréotypes Africains, superpositions visuelles. On s’y croirait.
Le temps est déjà loin où l’Europe postcoloniale redécouvrait la magie du Grand Continent. En 1999, Paris applaudissait la vigueur d’un Ousmane Sow, bataillant avec ses guerriers sur le pont des Arts. En 2005, « Africa Remix » de Simon Njamib et Marie-Laure Bernadac, faisait vibrer le Centre Pompidou aux couleurs de la jeune Afrique. Et c’est en 2007 que le patriarche ghanéen El Anatsui faisait chavirer Venise par son rideau de métal jeté sur la balustrade du Palazo Fortuny d’Axel Vervoordt. Depuis, il a remporté le Lion d’or à la Biennale de Venise, en 2015.
L’Afrique du Sud au banc d’essai du monde
William Kentridge, 61 ans, est un monument de l’art Sud-Africain, sorte de trésor vivant tout en musique et fanfare dont l’écho dépasse les frontières du continent noir. Il aime citer Léon Trotski qui, dans les années 1920, parle de l’être humain « comme d’un produit sous-manufacturé ». Il dit ainsi : « Je crois que nous pouvons amender cette part de la machine qui s’appelle la psychologie et nous pourrons transformer l’humanité de façon adéquate pour notre nouveau monde ».
A la question êtes-vous optimiste ? William Kentridge répond : « Il y a vingt ans, l’Afrique du Sud pensait que tout allait changer. Il n’en a rien été. L’inégalité s’est encore accrue, comme dans le reste du monde, d’ailleurs. C’est peut-être juste plus visible en Afrique du Sud. De larges zones sont encore plus démunies qu’au temps de l’apartheid ».
Etre Sud-Africain aujourd’hui, c’est faire face à de multiples défis qui posent la question de l’identité et de la véritable nature de l’être humain. L’homme ne peut pas se passer de rêves, ne peut pas se contenter de juste faire tourner les machines et de supprimer les famines. Il pense, il veut plus que l’immédiat et la satisfaction de ses besoins vitaux.
Il y a ce fossé entre le matériel et la pensée inhérente à la condition humaine. Et William Kentridge de conclure « Nous sommes sur le banc d’essai du monde ».
François de MAISTRE
Photos : DR
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