28/03/2017 – 07h00 Cayenne (Lengadoc Info) – Ce lundi 27 Mars, les syndicats appellent à la grève générale. Le département et ses 250 000 habitants vivent au ralenti depuis le 23 Mars. Après Air France qui a annulé ses vols vers Cayenne dès Dimanche dernier, c’est maintenant Air Caraïbes qui annonce la suspension de ses dessertes vers la Guyane.
La Guyane dévastée par la violence
Les chiffres annoncés par le Procureur de Cayenne font froid dans le dos : 42 homicides en 2016 font de la Guyane le département le plus meurtrier de France en valeur relative, c’est à dire en proportion de sa population. « Même Marseille et les Bouches-du-Rhône réputés pour leur violence sont en dessous des chiffres de la Guyane » a précisé le Procureur Eric Vaillant en janvier 2017.
Antoine Karam, Sénateur de Guyane, souligne le nombre croissant de vols avec violence qui a littéralement explosé depuis deux ans, passant de 1 694 en 2014 à 2 338 en 2016. « Il y a une insécurité plus importante que dans les grandes métropoles au niveau hexagonal. Il y a des meurtres, des braquages. On tue quelqu’un pour 20 Euros, pour un bijou ou un portable » dénonce l’élu de Guyane et membre du parti socialiste et républicain au Sénat.
La Guyane malade du chômage et de la précarité
22 % de taux de chômage pour la Guyane en 2015 contre 9,7 % en métropole à la même époque indique L’Observatoire de l’Outre-mer. Et le chômage frappe davantage les jeunes : 55 % chez les 15-24 ans cette même année. Et Antoine Karam de dénoncer également la condition insupportable qui est faite à toute une jeunesse : « 50 % des jeunes ne font rien sur le territoire, déclare-t-il sur France info. Les jeunes Guyanais sont condamnés à devenir des mules, c’est-à-dire à ingurgiter des boulettes de cocaïne pour 500, 1 000 euros et traverser l’océan atlantique pour vendre leur drogue »
La Guyane est soumise à une énorme pression migratoire
C’est que la Guyane est si vaste qu’elle est très difficile à contrôler. 84 000 kms carrés, c’est un peu plus que la surface d’un Etat comme l’Autriche. La Guyane est soumise à une énorme pression migratoire qui vient des deux côtés : du Brésil par le fleuve Oyapock, et du Suriname par le Maroni. A ce propos, Saint-Laurent-du Maroni sera bientôt la ville la plus peuplée de Guyane. Elle va prochainement dépasser Cayenne, avec plus de 50 000 habitants prévus à l’horizon 2025.
Sans parler de l’immigration illégale qui, comme à Mayotte, représente entre 20 et 25 % de la population. Par la seule Guyane hollandaise, nommée Suriname, transite un flot de délinquants très organisés avec lesquels les confrontations sont fréquentes et dangereuses. Par ailleurs, « Les organisations sociales sur place – collectifs, syndicats- sont beaucoup plus dures que celles que nous connaissons en Métropole » selon l’Ex-Général de la Gendarmerie d’Outre-mer, Bertrand Soubelet dans un entretien au Figaro.
Les 500 Frères, mystérieux groupe masqué
C’est le 17 mars dernier que ce collectif s’est fait remarquer en faisant irruption lors d’une conférence à laquelle participait Ségolène Royal en Guyane. Depuis que ce le mouvement social a éclaté, on voit les 500 Frères en ville, poussant les portes des magasins pour demander aux gérants de tirer le rideau. Avec à sa tête un policier en disponibilité et affirmant agir contre l’insécurité, ce collectif a été dans un premier temps un interlocuteur de l’État pour améliorer la sécurité dans les quartiers sensibles. Depuis que ses membres agissent masqués, la préfecture a pris ses distances.
L’État pris au piège de son impuissance en Guyane
Ce Lundi 27 mars, le premier Ministre Bernard Cazeneuve a accédé aux demandes des manifestants et a affirmé « qu’une délégation de ministres sera envoyée d’ici la fin de la semaine ». Cette crise intervient alors que François Hollande avait proposé en 2013, « Un Plan d’avenir pour la Guyane ». Reprenant les principaux problèmes du territoire, ce Plan n’a jamais été mis en œuvre…
François de Maistre
Photos : DR