13/03/2017 – 19h15 Syrie (Lengadoc Info) – Point de situation numéro 26 – Les forces gouvernementales ont réalisé une véritable « guerre éclair » dans le secteur Nord-Est de la capitale septentrionale du pays, Alep. Outre le fait d’avoir culbuté les combattants de l’Etat Islamique, ils ont interdit tout accès aux forces soutenues par la Turquie en direction du Sud et repris en main l’approvisionnement en eau de la région d’Alep depuis l’Euphrate. La déroute généralisée de l’Etat Islamique se poursuit aussi bien en Syrie qu’en Irak.
Blitzkrieg sur l’Euphrate
C’est une véritable « guerre éclair » qu’ont livrée les troupes d’élite mécanisées « Forces Tigre » sous le commandement du nouvellement promu Major-Général Souheil Al-Hassan. Toutes les conditions étaient réunies pour couronner de succès l’offensive menée en direction du Nord-Est d’Alep depuis la libération des quartiers Est. Terrain plat et points d’appui ennemis isolés ont offert aux troupes loyalistes la possibilité d’un plein déploiement de leurs capacités offensives. Artillerie et utilisation de l’aviation ont efficacement ouvert la voie aux blindés et à l’infanterie. Ainsi, en deux mois, ce ne sont pas moins de 150 villages et 1000 km² qui ont été libérés de l’emprise de l’Etat Islamique. Mais ce n’est pas le seul avantage tactique de l’opération.
1/ Les forces loyalistes ont pour la première fois, depuis le début de la révolution, repris possession d’une partie du fleuve Euphrate et également de station de pompage assurant l’alimentation en eau potable de toute la région d’Alep. Après la crise dans la vallée de Wadi Barada et l’assoiffement de la capitale Damas, l’eau réapparait comme un élément stratégique vital !
2/ Les forces loyalistes ont également mis un frein aux velléités du président turc Erdogan en s’emparant du territoire situé au Sud d’Al-Bab tombée aux mains des forces islamistes soutenues par la Turquie le 23 février 2017. En effet, usant du prétexte de la lutte contre l’Etat Islamique, Erdogan avait annoncé sa volonté, avec l’opération « Bouclier de l’Euphrate » de capturer la capitale de l’Etat Islamique en Syrie Raqqah. Las, la route coté Sud de l’Euphrate est désormais aux mains du gouvernement de Bachar El-Assad, il ne reste donc plus que la voie du Nord du fleuve actuellement aux mains des Forces Démocratiques Syriennes à majorité kurde. Une raison de plus pour Erdogan qui souhaite éradiquer toute présence kurde au Sud de son territoire pour se diriger en direction de Manbij.
Cependant, cette option n’est pas du tout du gout des puissances américaines et russes qui ont accentué leur présence dans le secteur. La zone frontalière entre les territoires de Manbij et d’Al-Bab a même été transférée aux forces gouvernementales par les kurdes qui souhaitent s’offrir la meilleure des protections possible.
Situation très compliquée s’il en est, dont il est bien hasardeux de prévoir l’évolution…
Le reste du front
– La nouvelle coalition islamiste Hay’at Tahrir Al-Sham vient de revendiquer la responsabilité d’un double attentat à la voiture piégée le 11 mars 2017 dans la capitale Damas occasionnant 74 morts et des centaines de blessés, en plein cessez-le-feu. Hasard du calendrier, le Département d’Etat américain venait la veille de placer officiellement cette coalition islamiste sur leur liste des organisations terroristes comme étant liée à Al-Qaïda. Un véritable coup dur pour Hay’at Tahrir Al-Sham qui est la composante la plus importante chez les groupes dits « rebelles ».
– Les combats font rage dans la poche d’Al-Qaboun dans la banlieue Nord-Est de Damas. Cette zone est l’objectif prioritaire des forces loyalistes dans la région depuis quelques semaines. Bénéficiant d’un statut de neutralité, ce secteur dirigé par les islamistes était en réalité le point d’entrée pour l’approvisionnement en armes et munitions de la grande poche rebelle de Douma située à proximité, par l’intermédiaire de longs tunnels souterrains. Les tentatives de négociation de la part du gouvernement ayant été rejetées, c’est un assaut en bonne et due forme qui est désormais livré.
– Le quartier rebelle d’Al-Waer en périphérie Nord-Ouest de la capitale régionale d’Homs vient de signer un accord de réconciliation dans les termes habituels. Amnistie pour ceux qui le désirent ou transfert vers le gouvernorat d’Idlib pour les autres. Le gouvernement récupérant l’armement lourd au passage, tout en pacifiant la zone et augmentant sa manoeuvrabilité.
– Les unités appartenant aux Forces Démocratiques Syriennes soutenues par les Etats Unis ont pris pied sur l’axe routier reliant Raqqah à Deir Ez-Zor situé au Nord du fleuve Euphrate. C’est un véritable succès dans le cadre de l’opération « Colère de l’Euphrate » visant à isoler la capitale jihadiste de Raqqah. Ce sont désormais près de 40 kilomètres de route qui ont été libérés, perturbant considérablement la logistique et les possibilités de manœuvre de l’Etat Islamique.
– En Irak enfin, la résistance des combattants de l’Etat Islamique est acharnée dans la capitale jihadiste de Mossoul. Les unités de contre terrorisme irakiennes sont confrontés à une guerre urbaine parsemée de pièges et ponctuée de nombreux attentats suicide à la voiture piégée. Malgré tout, l’avance est régulière et c’est plus du tiers de la moitié Ouest de la ville qui est passé aux mains du gouvernement. Le dernier axe routier permettant de quitter la ville en direction du Nord-Ouest vient en outre d’être capturé par les forces irakiennes. Comme l’a pronostiqué Brett Mc Gurk l’envoyé spécial américain, « Tous les combattants qui se trouvent à Mossoul vont y mourir » c’est donc véritablement un combat à mort qui attend les combattants de l’Etat Islamique enfermés dans les derniers quartiers de la ville.
Attaque d’un drone de l’Etat Islamique à Mossoul
Info de dernière minute: les unités de l’Armée Arabe Syrienne viennent d’atteindre les silos situés à l’Est de Palmyre, atteignant leur position la plus à l’Est depuis la perte de la ville en décembre 2016
Martial Roudier
Photos : DR
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