03/03/2017 – 18h50 Syrie (Lengadoc Info) – Point de situation numéro 25 – Depuis la libération d’Alep, l’Armée Arabe Syrienne et ses alliés ont véritablement le vent en poupe et volent de victoire en victoire sur fond de défaite généralisée de l’Etat Islamique. Abandon de Palmyre, retraite d’Al-Bab au Nord, échec de l’offensive sur Deir Ez-Zor, pression sur Raqqah et encerclement complet de la partie Ouest de Mossoul en Irak, c’est une véritable débandade pour les ultra fondamentalistes de l’Etat Islamique.
L’Etat Islamique refoulé de Palmyre
Il y a un peu moins d’un an, le 27 mars 2016, les forces loyalistes libéraient la cité antique de Palmyre classée au Patrimoine Mondial par l’UNESCO des mains de l’Etat Islamique. La cité antique avait subi d’importants dégâts, l’Etat Islamique s’évertuant à détruire ce qui ne correspondait pas aux « canons » religieux du takfirisme.
Malheureusement après 8 mois de remise en état et de déminage progressifs, les combattants de l’Etat Islamique reprennent possession de la ville le 11 décembre 2016, suite à un assaut féroce mobilisant entre 4000 et 5000 combattants.
L’Armée Arabe Syrienne focalisée par les combats pour la libération d’Alep avait du replier ses troupes en direction de l’Ouest autour de la base militaire de Tiyas. C’est à partir de cette base que l’assaut jihadiste a pu être stoppé puis progressivement renversé. C’est tout d’abord en direction des champs gaziers d’Hayyan et de Jihar situés au Nord-Est de la base de Tiyas que les forces loyalistes se sont dirigées afin de rétablir l’approvisionnement en gaz de la capitale et des autres villes occidentales de la Syrie. Puis c’est en direction de la cité antique elle-même que les troupes loyalistes se sont dirigées pour l’emporter en seulement 3 jours. Les combattants de l’Etat Islamique semblent avoir abandonné leurs positions pour se replier beaucoup plus à l’Est autour de l’agglomération d’As-Sukhnah.
La question de l’importance de cette décision est à chercher du coté du contexte général très défavorable pour l’Etat Islamique.
Déroute généralisée pour l’Etat Islamique
Outre la perte, symboliquement très importante, de Palmyre et le repli de ses combattants, L’Etat Islamique recule sur tous les fronts.
– Après 104 jours de combats contre les troupes de l’Armée Syrienne Libre dirigées par la Turquie à Al-Bab, l’Etat Islamique a abandonné ses positions pour refluer en direction du Sud. Il a été talonné par l’Armée Arabe Syrienne qui a depuis libéré des dizaines de villages, amorçant un mouvement tournant autour de la ville de Deir-Hafer.
– L’assaut en partie victorieux de l’Etat Islamique sur la poche de Deir Ez-Zor aux mains des loyalistes du 18 janvier 2017 ne semble plus devoir être développé. Face à la résistance acharnée des troupes gouvernementales et à l’efficacité des bombardements aériens, la situation parait être au point mort de chaque coté. Une victoire potentielle de moins pour l’Etat Islamique qui pourrait profiter de la masse des combattants ayant abandonné Palmyre pour redynamiser ce conflit.
– La capitale de l’Etat Islamique en Syrie, Raqqah, subit des pressions de toutes parts, à l’exception du Sud, par les combattants à dominante kurde de l’Opération « Colère de l’Euphrate » dirigée par les Etats Unis. Le but de cette opération étant d’isoler progressivement la ville pour ensuite réduire la résistance quartier par quartier. Personne ne sait encore quelle sera la composition des forces qui prendront part à cette bataille qui promet une intensité farouche. En effet, nombreuses sont les parties qui souhaitent remporter cette victoire décisive mais c’est également à Raqqah que se replieront tous les combattants de l’Etat Islamique pour défendre leur capitale.
– En Irak, la capitale de l’Etat Islamique, Mossoul, est à ce jour complètement encerclée par les unités de contre terrorisme irakiennes. Selon les estimations des renseignements américains, il ne subsisteraient dans la partie Ouest de la ville que 2000 combattants. Plusieurs milliers de combattants ont pu échapper à l’encerclement suivant ainsi les recommandations du chef de l’Etat Islamique Abou Bakr al-Baghdadi qui, dans une vidéo, a exhorté ses fidèles à gagner les montagnes ou à se faire exploser contre les mécréants. Il reconnaissait officiellement sa défaite militaire sur le terrain.
Imbroglio diplomatique dans le Nord de la Syrie
Comme annoncé précédemment, la situation s’est tendue à l’extrême entre les troupes soutenues par la Turquie et les forces kurdes après la chute d’Al-Bab. En effet, l’Armée Syrienne Libre a d’abord tenté d’affronter l’Armée Arabe Syrienne (loyalistes) en voulant capturer la ville de Tadef directement au Sud d’Al-Bab. Mis en échec, ils ont dirigé leurs efforts en direction du Nord-Est et la zone de Manbij contrôlée par les kurdes. L’Armée Arabe Syrienne a, quant à elle, opéré la jonction avec les forces kurdes coupant ainsi la route du Sud vers Raqqah aux forces dirigées par la Turquie. La raison de la lutte contre l’Etat Islamique invoquée par la Turquie pour pénétrer en Syrie n’a plus vraiment de raison d’être et c’est donc le véritable objectif qui est la lutte contre les kurdes qui s’affiche.
Contre toute attente, les prémices d’un accord diplomatique semblent se profiler. En effet, la Turquie étant liée diplomatiquement avec la Russie et L’Iran, il est envisagé qu’une large partie du territoire contrôlé par les kurdes passe sous la férule de l’Armée Arabe Syrienne. Faisant ainsi office de tampon entre les turcs et les kurdes et opérant ainsi un rôle d’administrateur légitime qui reste celui du gouvernement officiel de la Syrie. Il est important d’attendre que cet accord se mette en place avant de conjecturer quoi que ce soit. Mais soyons persuadés que le président turc Erdogan n’abandonnera pas la partie et trouvera un autre moyen pour évincer la présence kurde au Sud de son territoire. En s’attaquant à la province d’Afrin par exemple…
Martial Roudier
Photos : DR
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