06/09/2016 – 18h55 Syrie (Lengadoc Info) – Point de situation numéro 12 – Une semaine après notre point de situation démontrant la complexification des fronts en Syrie, nous assistons à une stabilisation provisoire mais radicale sur trois secteurs principaux. Nous les résumerons ainsi: neutralisation de la frontière turco-syrienne, rétablissement de l’encerclement d’Alep et stabilisation du front au nord d’Hama.
Neutralisation de la frontière Turquie-Syrie
Le 24 août 2016 les troupes turques ont pénétré dans le nord de la Syrie au niveau de la ville frontière de Jarablus qui était le point d’entrée des combattants de l’Etat Islamique depuis la Turquie. Les turcs fournissant l’appui matériel (artillerie, chars, aviation, unités d’élite) aux 13 groupes salafistes réunissant près de 5000 combattants sous la bannière de l’ASL (Armée Syrienne Libre). L’ennemi désigné est évidemment Daech mais il apparait bien vite que ce dernier est avant tout un prétexte pour la Turquie qui souhaite empêcher toute présence des combattants kurdes du YPG (Unités de Protection du Peuple) dans cette partie de la Syrie. L’objectif de ces derniers est de relier les zones kurdes d’Afrin à l’ouest et de Kobané à l’est. Le président turc Récep Erdogan désignera rapidement le YPG comme organisation terroriste au même titre que Daech.
Entrées au niveau de Jarablus à l’est, les troupes turques et salafistes se sont dirigées plein ouest, rencontrant une faible résistance. Une nouvelle incursion sur le territoire de la Syrie à la hauteur d’Al-Raï il y a quelques jours (axe de progression ouest-est) a permis de prendre l’ennemi en tenaille et ainsi de sécuriser une large bande de terrain au sud de la frontière. L’opération « Euphrates Shield » est un véritable succès!
Les prochains objectifs avoués sont la ville de Manbij, déjà libérée par les forces kurdes du YPG, ainsi que la ville d’Al-Bab dernière citadelle de l’Etat Islamique fermant la route de la capitale islamiste Raqqah. Le mystère reste entier quant à la zone frontalière du canton d’Afrin à majorité kurde ainsi que les 400 kilomètres de frontière « kurde » situés à l’est de l’Euphrate…
Alep à nouveau encerclée par les troupes loyalistes
On se souvient de l’encerclement opéré par les troupes pro-régime au nord d’Alep à la fin du mois de juillet 2016. S’en était suivie le 31 juillet une fulgurante et meurtrière contre-attaque d’une coalition jihadiste regroupant 5000 hommes sous la bannière de Jaish al Fatah. La prise du quartier militaire de Ramouseh menaçait d’encerclement les troupes loyalistes ainsi que près de 800 000 civils favorables au président Bachar El-Assad. Un mois de tentatives quotidiennes de la part des forces loyalistes auront abouti le 4 septembre à la reprise partielle du terrain perdu il y a un mois. Le bouclage des quartiers de l’est d’Alep effectué, les efforts des troupes loyalistes syriennes soutenues par des combattants iraniens, irakiens, palestiniens, libanais et bien entendu l’aviation russe, vont se porter vers l’ouest pour s’emparer du projet immobilier « 1070 Appartements » ainsi que l’école Hikmah, vers le sud-ouest pour capturer la ville de Khan Tuman avec pour lointain objectif le fameux axe autoroutier M5. En direction de l’est c’est tout d’abord le quartier de Ramousseh qui sera à nettoyer afin d’atteindre le boulevard périphérique matérialisant la limite de la zone libérée. La zone nord-ouest de la ville, au niveau de l’avenue Gazi Ayntap semble la zone la plus indiquée pour une nouvelle contre-attaque jihadiste. Cette récente et importante victoire aura en tout cas été rendue possible par la décision prise par l’état major de Jaish al Fatah d’envoyer des combattants d’Alep ouvrir un nouveau front le 29 août 2016 au nord d’Hama. Simple erreur stratégique? Décision prise d’abandonner Alep?
Stabilisation du front d’Hama
Le 29 août donc, les forces jihadistes lancent une offensive à partir de Lataminah en direction de la capitale régionale Hama plus au sud. Hama est une ville symbolique à la fois pour les islamistes mais également pour la famille El-Assad puisque c’est à Hama qu’eut lieu la révolte initiée par les Frères Musulmans en 1982 suite à la tentative d’assassinat d’Hafez El-Assad, alors président de Syrie. Techniquement la prise d’Hama par les jihadistes serait une catastrophe pour le camp loyaliste puisque la région est le point de départ de la voie d’approvisionnement alimentant Alep, symboliquement appelée la « Route de la Vie ». Calcul à long terme de la part des « rebelles » jihadistes?
Toujours est-il que l’offensive a connu un franc succès dès le départ du à l’effet de surprise, à l’utilisation de candidats au suicide pilotant des VBIED ainsi qu’à une très bonne préparation. Les avancées ont été assez préoccupantes pour exiger le redéploiement de troupes combattantes pro-régime du secteur d’Alep vers ce nouveau front. Huit jours après de durs combats, l’avancée jihadiste semble solidement contenue et, bien que se situant à peine à 5 kilomètres de la ville, ne devrait pas poser de problèmes de sécurité. Le danger réside dans l’enlisement de ce front si les troupes jihadistes arrivent à consolider leurs positions, gelant ainsi cette partie du conflit. Une prochaine contre-attaque des forces loyalistes par encerclement à partir de la ville de Maan qui oppose une résistance acharnée aux jihadistes semble l’hypothèse la plus envisageable.
Martial Roudier
Photos : DR
Lengadoc-info.com, 2016, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.
L’armée ‘Loyaliste » n’est pas l’armée du « Régime » elle est l’armée du peuple Syrien, 100.000 d’entre eux sont morts au combat pour défendre leur pays contre les envahisseurs payés par l’Otan etc
Il n’y a pas de plus de « régime de Bachar » qu’il n’y a de régime de Hollande en France, il y a une armée loyale envers un gouvernement élu dans les 2 pays.
Pourquoi reprendre les termes intentionnellement négatif utilisés par nos merdias de l’Otan ???