18/03/2016 – 16h45 Béziers (Lengadoc Info) – Jean-Paul Brighelli a été révélé au grand public au cours de l’année 2005, avec la parution de son fameux ouvrage « la fabrique du crétin », premier opus d’une série dénonçant les pratiques du système scolaire français, un des meilleurs au monde dans les années 60 et actuellement « antre de l’ignorance et de l’abaissement » comme l’a souligné le maire de Béziers, Robert Ménard, dans son introduction à la conférence.
Jean-Paul Brighelli, agrégé de lettres modernes, a notamment été professeur au lycée Mermoz de Montpellier, ainsi qu’au lycée Joffre où il officiait en classes préparatoires aux grandes écoles. Actuellement professeur de lettres à Marseille, toujours en classes préparatoires, il est l’auteur ou le co-auteur de nombreux ouvrages qui lui ont valu d’être largement invité dans les médias pour s’exprimer sur la situation dramatique de l’école de la République. Ce mercredi, devant une salle comble, cet homme en colère, libre et iconoclaste, a dressé le même constat terrifiant, a exposé la chronologie d’une longue et implacable désagrégation qui a commencé dans les années 70, sous les coups de boutoir de pédagogistes fous et d’idéologues haïssant toute idée de transmission, d’héritage, de savoir, d’élitisme. Les mythes nationaux et les exigences qu’impose tout savoir ont été déconstruits par les Bourdieu, Foucault, Deleuze et aujourd’hui Meirieu.
Les faits sont têtus et les chiffres parlants : moins 600 heures de français entre les années 80 et aujourd’hui, 18% des élèves de sixième qui ne savent pas vraiment lire (soit 140 000 par an) et qui seront éjectés sans qualification du système scolaire après la troisième. Privés d’une culture exigeante, de savoirs patiemment acquis, de démarches scientifiques, les cerveaux vides cherchent à se remplir d’un prêt à penser facile, immédiatement disponible et sans nuance qu’ils trouveront sur l’Internet.
La litanie est pénible des délires et lubies des différents ministères, de droite comme de gauche, qui s’abattent sur le cursus des malheureux élèves : méthode globale d’apprentissage de la lecture, mathématiques modernes, activités d’éveil, construction par l’élève de son savoir, libre expression, socle commun de compétences, collège unique, disparition des notes, jargon incompréhensible…sans oublier, au moment du regroupement familial, l’Enseignement des Langues et des Cultures d’Origine (ELCO), voulu sous Giscard par Lionel Stoleru et qui visait à apprendre aux enfants d’immigrés non pas la langue et la culture françaises mais celles de leur pays d’origine dans l’idée que ces populations ne resteraient pas sur notre sol…ce qui ne fût évidemment pas le cas. L’école, aussi désorganisée que l’État qui gère cette école; et une déconstruction voulue, programmée pour permettre un renouvellement endogamique des élites auto-proclamées, à coup sûr celles de la médiocrité.
Photos : Lengadoc Info
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L’éducation nationale est donc sinistrée. Du passé les gauchistes et la droite molle ont fait table rase. Tout reste à reconstruire … en 2017 ?
Les enseignants commencent à s’insurger contre la mission qui leur est imposée consistant à « apprendre l’ignorance ». Quelles que soient les méthodes de démantèlement des savoirs qui ont marqué leur formation, leur goût de la transmission des connaissances qui les a conduit au choix de ce métier les amène à entrer en résistance contre l’application de réformes mortifères pour les futurs citoyens supposés libres qu’ils veulent instruire.