Tribune Libre. « Des Présidents contre la France »

21/09/2015 – 18h30 Montpellier (Tribune Libre) – A l’approche des élections régionales, il est intéressant de lire ou de relire les livres des principaux candidats. Cela permet de connaître avec précision leur vision de la France. Sachant que les grands médias et les réseaux sociaux privilégient l’immédiateté et la brièveté, le livre est un support indispensable lorsqu’on veut parler de politique avec un grand « P ».

C’est ce que permet l’essai publié l’an passé par Louis Aliot. Le vice-président du Front national y présente ses conceptions souverainistes en s’appuyant sur de nombreuses références (auteurs, sources juridiques et historiques). Rappelons que « Des Présidents contre la France » devait initialement être préfacé par Boutros Boutros-Ghali, ancien Secrétaire général de l’ONU (1992-1996) puis de la Francophonie (1997-2002). Lorsque cette proximité entre MM. Aliot et Boutros-Ghali a été rendue publique, l’ancien chef de file de l’ONU a été l’objet d’intenses pressions qui l’ont conduit à renoncer à publier sa préface. Cette anecdote démontre à quel point les penseurs patriotes sont sous surveillance du politiquement correct.

L’exposé de Louis Aliot se déroule en trois parties. La première, intitulée « la question européenne et la vie politique », rappelle les prérogatives du Président de la Ve en soulignant son rôle central dans la construction européenne, véritable « domaine réservé du président de la République » (p.11). Cette partie de l’ouvrage, proche d’un cours de droit constitutionnel, est inspirée de la thèse de doctorat soutenue par l’auteur en 2002.

La seconde partie (« Les présidents et l’Europe ») est plus historique. Il s’agit de faire un résumé des politiques européennes menées depuis 1958. Ici, Louis Aliot distingue l’action de De Gaulle, marquée par des conceptions patriotiques fortes, et les autres Présidents (tous regroupés dans une même sous-partie). On constate que l’auteur n’est pas l’anti-gaulliste frénétique décrit par certains médias. Il présente au contraire un tableau équilibré et assez bienveillant des actions du Général. Par contre, il est très sévère envers les autres locataires de l’Elysée, qu’il accuse de brader la souveraineté et les intérêts de la France au profit d’une utopie fédérale de plus en plus assumée. Depuis Chirac, « le président n’est plus le rempart d’une dérive supranationale mais l’ambassadeur de l’Europe intégrée » (p.101).

La 3^e partie est un de bilan implacable de la construction européenne. Remontant aux sources juridiques de l’Etat français (légistes du Moyen-âge, Jean Bodin…), Louis Aliot démontre que les traités européens aboutissent à la situation aberrante d’un « Etat sans souveraineté » (p.155). La situation actuelle « hybride » et « confédérale », mêlant structures intergouvernementales et supranationales, ne peut pas perdurer : soit l’UE se fédéralise totalement, signant la fin de l’Etat-nation France et de sa présidence (réduite aujourd’hui au simple rôle de « président administrateur » (p.176)), soit elle explose. Sans surprise, le vice-président du FN fustige le danger d’un super Etat-fédéral et prône une Europe de nations souveraines basée sur des coopérations.

Au final, ce petit ouvrage pourrait faire office de véritable « Que sais-je » du souverainisme, tant par son format (182 p.) que par sa présentation claire et pédagogique (l’auteur ayant enseigné à l’université de Toulouse). Il intéresse donc autant les étudiants que les militants patriotes. 

Georges Maton