08/09/2014 – 19h30 Montpellier (tribune libre) – Dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 août, les Montpellierains découvrent brutalement que l’insécurité et l’ultra-violence ne sont pas une légende urbaine et que cela n’arrive pas qu’à Marseille ou dans le « 9-3 ». Cette nuit là, sur fond de trafic de drogue, une fusillade éclate dans le quartier de Lemasson. Deux hommes y laissent leur peau. Le premier s’appelle Sébastien Thomis, 24 ans, martiniquais, c’est un SDF et consommateur de stupéfiants. Le deuxième s’appelle Nordine Bakreti, 39 ans, connu des services de police pour baigner dans le trafic de drogue.
Rapidement, l’affaire devient médiatique puis, naturellement, politique. Philippe Saurel sort la grosse artillerie et compare la situation de Montpellier à celle de Chicago. Le maire de Montpellier veut faire un coup d’éclat, montrer que c’est un « dur », qu’il n’a pas peur d’affronter les méchants bandits. Il va même jusqu’à se prétendre le nouvel « Eliot Ness », le super-flic qui a fait tomber Al Capone. Il exige ainsi du gouvernement 20 à 30 policiers supplémentaires que Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, finira par lui accorder lors de son passage à Montpellier samedi dernier.
Grande victoire pour le nouveau justicier de Montpellier. Mais la mesure sera t’elle pour autant efficace ? Faudra t’il attendre de nouveau que le sang coule pour que les pouvoirs publics décident de prendre enfin le problème de l’insécurité à bras le corps ? Montpellier est en plein sur la route de la drogue reliant le Maghreb à l’Europe du Nord via l’Espagne. Avec en plus une importante population jeune, la cité est non seulement un point de passage pour les trafiquants, mais également un lieu important de la consommation de stupéfiants en tout genre. Il faudra un peu plus que 25 policiers pour faire bouger les choses.
Pourtant le trafic de drogue n’est pas un commerce clandestin dans quelques caves de la Paillade ou du Petit Bard, il se fait aujourd’hui en plein jour et en plein cœur de la ville. Vous ne me croyez pas ? Allez donc au square Planchon, en face de la gare SNCF et au croisement des quatre lignes de tramway. Nul besoin de fonctionnaires supplémentaires pour rendre un peu plus agréable ce nœud de communication urbain où passe chaque jour des dizaines de milliers de personnes. Il faut juste un peu de volonté. Alors à vous de jouer shérif Saurel.
Jordi Vives
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