09/06/2015 – 18h45 Montpellier (Lengadoc-info.com) – « Les jeunes gens mödernes aiment leur maman ». C’est sous ce titre décalé, légèrement et volontairement niais, qu’en 1980 le magazine Actuel dressait le portrait d’une scène musicale née des cendres du punk, comète traversant le ciel entre 1978 et 1983 et portant dans sa trajectoire fulgurante des figures comme celles d’Etienne Daho, Eli et Jacno, Lio, les Rita Mitsouko, mais aussi Marquis de Sade, Taxi Girl, Kas product, Charles de Goal…etc. Un mouvement artistique et musical a qui une exposition rendra hommage en 2008, dans la très parisienne galerie du jour d’Agnès B., la créatrice de mode. Le commissaire de l’exposition, Jean-François Sanz, décidait alors d’utiliser les entretiens réalisés à cette occasion pour mettre au point un documentaire, sorti en juillet dernier et intitulé « des jeunes gens mödernes, post-punk, cold wave et culture növö (terme inventé par Yves Adrien, dandy et écrivain, critique rock et théoricien de l’afterpunk) en France ».
Car ces jeunes gens mödernes, dégoûtés à la fois des hippies et du conservatisme, assumaient leur côté « gendre idéal, propre sur lui », cheveux courts, costumes superbement étriqués, lunettes noires et cravates étroites et furent même parfois accusés de royalisme (Jacno et sa fleur de lys) voire de réaction (Maurice G. Dantec fut clavier dans le groupe Artefact). Ils étaient plus sûrement « une armée de romantiques avec une esthétique de la désillusion » (E. Daho). Et puisaient largement dans la culture européenne, essentiellement urbaine, en la revisitant avec génie et extravagance et leur musique, du post-punk à la cold-wave, glacialement minimaliste, était rétrofuturiste et désespérée, à l’image de l’avenir qu’ils imaginaient robotique et sans chaleur. « Etre növö, c’est être dissident de tout : y compris, et surtout de soi-même », concluait Yves Adrien.
Le réalisateur Jean-François Sanz et Farid Lozès qui a co-écrit et monté le documentaire, l’ont accompagné sur les routes de France à l’occasion de sa diffusion dans les salles de nombreuses villes : Paris pour la première où Etienne Daho était l’invité vedette, puis Lyon, Rennes, Toulouse, Bordeaux, Lille, avec très souvent d’enthousiasmants « after » menés par des passionnés comme Gilles le Guen. Cette fin de semaine, ce documentaire vif, drôle, intelligent et bien monté était diffusé à l’Utopia, précédé d’un concert du groupe « My Great Blue Cadillac ». Souhaitons que le public montpelliérain, immergé pour 82 minutes dans ces années magnifiquement créatives, ait trouvé là, à l’instar des meilleurs groupes actuels, une source d’inspiration faite de jeunesse et d’élégance.
Photos : DR
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