24/05/2017 – 20h20 Perpignan (Lengadoc Info) – Le militant catalaniste Llorenç Perrié Albanell sera candidat aux élections législatives sur la deuxième circonscription des Pyrénées Orientales face à Louis Aliot. Lengadoc Info est allé à la rencontre de celui qui pourrait bien être le seul candidat 100 % identitaire en France.
Lengadoc Info : Llorenç Perrié Albanell, vous vous présentez aux élections législatives sur la 2ème circonscription des Pyrénées Orientales, pouvez-vous présenter votre parcours ?
Llorenç Perrié Albanelle : Je suis un militant identitaire catalan de longue date. Mon militantisme a toujours été axé sur le combat culturel et le combat politique. Je suis actif depuis de nombreuses années dans le milieu associatif et culturel catalan. Le 7 novembre 2016 nous avons décidé avec un groupe d’amis et de militants provenant des milieux politiques identitaires ou culturels catalans de créer une nouvelle offre politique pour le Pays Catalan. C’est comme cela qu’est né Resistència, premier mouvement politique identitaire 100% nord catalan, et dont je suis l’actuel président. Nous pensons que le Pays Catalan est mûr pour une telle offre : identité, territorialité, rejet de l’immigration.
Lengadoc Info : Votre candidature peut-être définie comme identitaire, qu’est-ce que cela signifie ?
Llorenç Perrié Albanelle : Être identitaire c’est d’abord être intimement lié à une terre et à une culture, c’est vouloir préserver et transmettre ce trésor collectif. C’est le parti pris de l’identité vécue et reçue en héritage, le contraire de l’identité administrative, fantasmée et imposée. Etre identitaire c’est se situer en dehors des partis politiques traditionnels, zélotes d’une pensée et d’une identité standardisées, véritables marionnettes cyniques entre les mains de ce système à tuer les peuples. Système que nous combattons. Le « fait identitaire » correspond parfaitement, aujourd’hui plus que jamais, au questionnement de nombre de nos compatriotes. Il apporte un éclairage, non pas nouveau, mais rénové, sur les grands maux de notre temps. L’Homme, à l’instar des arbres, a besoin de racines pour pouvoir grandir. Ces racines, c’est l’identité, la tradition. La tradition ce n’est pas de vivre exactement de la même manière que nos arrières grands-parents, mais de faire les choses dans le même état d’esprit, inconsciemment ou non. L’Homme a besoin d’un cadre, de codes, d’une loi commune qui garantit la liberté de chacun, qui offre des droits et exige en retour des devoirs. Ce cadre c’est la patrie, littéralement le « pays du père ». L’alliance de ce « tout » nous donne le concept d’enracinement. L’enracinement, c’est le grand cauchemar de l’idéologie libérale-libertaire, un système de pensée dominant chez la plupart des hommes politiques. Cette idéologie a besoin d’individus hors-sol et interchangeables afin d’asseoir solidement le « diktat de la marchandise » comme valeur absolue. Autrement dit c’est le règne du « fric roi » où tout est à vendre ce n’est qu’une question de prix, et au diable la tradition. Ce système-là ne tolère aucune entrave, et la pire de toutes pour lui c’est bien l’identité ! Comment donc résumer tout cela ? L’identité est l’ennemie de ce grand système à tuer les peuples. Etre identitaire c’est donc combattre ce système.
Lengadoc Info :Comment comptez-vous défendre l’identité catalane si vous êtes élu à l’Assemblée Nationale ?
Llorenç Perrié Albanelle : Pour défendre l’identité catalane de manière pérenne il faut un levier politique. Ce levier politique c’est la création d’une Collectivité Territoriale Unique, fer de lance du combat que je souhaite mener en tant que parlementaire. C’est la fusion du Conseil Régional et du Conseil Départemental en un seul établissement public. Évidemment cette mesure s’accompagne par la sortie de notre département de la grande Région Occitanie. Nous souhaitons œuvrer pour l’obtention d’un Statut équivalent à celui que la Corse va obtenir en 2018. La création d’une CTU nous donnera les moyens conséquents pour développer et promouvoir l’enseignement du catalan à l’école publique, et d’aider de manière significative les écoles associatives catalanes, qu’elles soient bilingue (Arrels) ou d’immersion (la Bressola). Pour rester dans le domaine de l’enseignement nous mettrons l’accent sur l’apprentissage de l’histoire locale, complètement occultée, pour des raisons idéologiques. J’attribuerai par exemple une part importante de ma réserve parlementaire pour appuyer ces projets, l’autre partie sera réservée, dans un cadre strict et transparent, à l’aide au développement du tissu économique de type localiste, sans oublier la protection de notre patrimoine. Je ferai la chasse aux associations communautaires qui ne vivent que de subventions et qui crachent en permanence sur notre identité. Les associations catalanes qui perpétuent nos traditions seront revalorisées, car quand on regarde de près les subventions qui leur sont allouées en comparaison des associations communautaires et alimentaires c’est proprement scandaleux. J’ai toujours été un militant de terrain, que les acteurs du monde culturel catalan se rassurent, je serai un parlementaire de proximité, disponible et à l’écoute. J’ajouterai une chose, défendre l’identité catalane, c’est aussi défendre son économie, une économie en bonne santé apporte du bien-être et une forme d’indépendance vis-à-vis d’autrui, c’est un sujet qui sera également prioritaire.
Lengadoc Info :Comment se déroule votre campagne ?
Llorenç Perrié Albanelle : Nous avons une solide équipe, dévouée et dynamique. Il s’agit de personnes provenant de divers horizons et qui ont pris conscience des enjeux. Notre offre politique correspond parfaitement à leurs attentes. Notre équipe a su rapidement mobiliser du monde afin de créer un véritable comité de soutien pour ma candidature. Cette candidature est avant tout une candidature « collective », je porte les couleurs et le projet politique de Resistència. Cela démontre qu’il est encore possible dans notre société ultra individualisée de rassembler des personnes d’horizons différents autour d’une cause qui dépasse largement le cadre de notre vie quotidienne. Comme pour chaque campagne il y a la phase de préparation et la phase opérationnelle sur le terrain ou les réseaux sociaux, mais ça c’est propre à chaque organisation politique.
Lengadoc Info :Vous êtes, aujourd’hui, le seul candidat identitaire dans toute la France, pourquoi n’avez-vous pas rallié le Front National ?
Llorenç Perrié Albanelle : Apparemment je suis le seul candidat identitaire dans toute la France, c’est bien dommage, en revanche ma candidature est la première du genre en Catalogne du Nord. Pourquoi ne pas avoir rallié le FN ? Excellente question. La réponse peut se résumer en une seule phrase : un jacobinisme rance doublé d’une vision trop courte sur la dimension identitaire et géostratégique qu’il faut apporter à la construction d’une Europe Puissance. Développons.
Depuis de nombreuses années déjà, le FN en Pays Catalan s’est montré particulièrement virulent contre l’identité catalane, notamment son représentant le plus connu Louis Aliot. Ils ont accumulé les petites phrases assassines et les vexations, sans s’imaginer un seul instant que bon nombre de leurs électeurs sont des catalans de vieille souche. Leur vision jacobine leur a interdit de penser que l’on pouvait parfaitement mettre tout à la fois ses enfants dans une école d’immersion linguistique, et voter Front National. Nous observerons avec profit qu’il en va de même pour une bonne partie du catalanisme : impossible de voter FN et de défendre l’identité catalane.
Le FN n’a eu de cesse de faire le jeu de l’extrême gauche catalane qui veut s’arroger un droit de main mise absolu sur le monde culturel catalan. Le résultat c’est qu’aujourd’hui pour la plupart des gens, catalanisme rime avec gauchisme et que la lutte anti immigration est la chasse gardée exclusive du FN. Il n’y a rien de plus faux. C’est mal connaitre la psychologie nord catalane. Je renvoie dos-à-dos FN et Catalanisme de Gauche (ou de droite), ils ont réussi à créer une dichotomie entre l’idée de préservation identitaire et la lutte contre l’immigration.
De prime abord on peut s’interroger légitimement sur cette question. La réponse est simple. Les nord catalans ne théorisent pas leur identité, comme le fait le vieux catalanisme de gauche, ils la vivent. De même que les nord catalans (et les français en général) se moquent d’une bonne partie du programme du FN, la seule chose que représente pour eux un bulletin de vote FN se traduit en une phase : Stop immigration ! Il suffit de voir les résultats du FN en Pays Catalan et de discuter avec les gens pour s’en persuader. Ce qui me fait penser à une remarque que font souvent certains catalanistes enfermés dans de vieux schémas : ceux qui votent FN, c’est ceux qui viennent des autres régions ! Pathétique. C’est pour cela que nous avons créé Resistència : pour donner le choix aux catalans qui ne se reconnaissent pas, ou plus, dans le FN et dans les autres structures politiques catalanes.
Mais la fracture n’est pas que d’un point de vue culturel. Il existe une différence notable avec le FN sur la question territoriale. La récente réforme régionale a confirmé ce que nous savions déjà. Le FN a été incapable de se positionner efficacement sur deux thèmes majeurs pour le Pays Catalan : le nom de la région et la création d’une Collectivité Territoriale Unique.
Le FN, et notamment Louis Aliot, a démontré le peu d’intérêt qu’il porte à la reconnaissance de notre territoire. Lors de cette longue campagne pour le nom de la Région Occitanie, il avait opté pour le nom Languedoc-Roussillon. Vouloir mettre les habitants du bassin Toulousain dans une appellation qui concerne uniquement les languedociens, ou les habitants de Cerdagne dans une appellation historique qui ne concerne que la plaine, c’est faire exactement la même chose que Carole Delga avec son appellation Occitanie qui nie complétement notre spécificité en mettant tout le monde dans le même « sac » nominatif. Pour la grande Région, le seul nom valable et équitable d’un point de vue identitaire était celui d’Occitanie-Pays Catalan, dont, je le rappelle, nous avons été les premiers avec la Ligue du Midi à engager une longue campagne en sa faveur. Finalement nier le nom d’un territoire, c’est à la longue nier le territoire tout court. 10 000 personnes sont descendues dans la rue le 10 septembre 2016 pour réclamer la reconnaissance du Pays Catalan dans le nom de la Région, dans une interview vidéo accordée au Journal Catalan (mise en ligne le 21.9.16) Louis Aliot minimise ce fait. D’ailleurs il n’a pas été le seul politique local à agir de la sorte, de droite comme de gauche, si ce n’est pas parfois de la vulgaire récupération. Dernier exemple en date : lors du dernier conseil communautaire de la Communauté de Commune Salanque Méditerranée, a été proposé au vote en Affaire 3 une Motion pour soutenir le Pays Catalan. La majorité des membres présents ou représentés ont voté pour le soutient du recours engagé contre le nom de la nouvelle région et une subvention pour l’association qui a engagé ce recours. Tous ont voté pour, sauf un représentant, celui du Front National, Jérôme Palmade, élu d’opposition à Pia. Même si ce recours a été engagé par des personnalités bien connues de la gauche locale, il s’agit-là d’une opposition stérile.
Il y a également la question de la Collectivité Territoriale Unique. Le FN défend bec et ongle le système de Commune, Département, Nation et a ardument dénoncé la réforme territoriale. La Collectivité Territoriale Unique (CTU) Art 72 de la constitution, aurait pu faire tout à la fois l’unanimité chez les défenseurs de l’identité catalane, comme ça été le cas, mais également au sein de la Fédération du FN66, ce qui n’a pas été le cas, par blocage idéologique sans doute. Le FN66 a donc une nouvelle fois loupé une opportunité de se placer dans le débat, en étant en accord avec son principe de défense des départements, mais avec un projet novateur cette fois. En effet la réforme territoriale prévoit la suppression des départements pour 2020, la création d’une CTU Pays Catalan pourrait permettre le maintien de celui-ci, en dehors de la grande Région Occitanie, et cela dans un cadre constitutionnel. Nous sommes loin ici de l’épouvantail irrédentiste agité par le FN.
Les exemples sont légions… La collaboration transfrontalière est souvent mise à mal. L’hôpital transfrontalier de Puigcerdá a été la cible du FN du temps d’Alain Jamet, qui voyait dans cette création d’un service de santé de « bon sens », la renaissance de la grande Catalogne, c’est affligeant. Louis Aliot a bien tenté des pirouettes ces derniers temps pour tenter de minimiser tout ça, mais le mal est fait. Les déclarations de Marine Le Pen contre les panneaux bilingues, et plus généralement l’opposition frontiste à l’enseignement général des langues régionales est très mal perçu par ceux qui sont attachés à leurs racines, c’est encore plus incompréhensible pour ceux qui votent FN sans pour autant s’intéresser à la politique.
Les catalans soucieux de défendre leur identité et qui souhaitent en finir avec l’immigration auront désormais une nouvelle offre politique : Resistència et ses candidats !
Photos : DR
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bravo LLORENC PERRIE ALBANELLE je vous souhaite une réussite éclatante arretons les c.molles que vous citez de se mettre en travers de la route des identitaires, je lis vos articles sur LA LIGUE BATTONS NOUS POUR NOTRE IDENTITE sinon le coran va remplacer l’EVANGILE..à force de concessions des uns et des autres!